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Il fallait maintenant exécuter l’opération du passage de la Chichena. Bussy voulait traverser le fleuve au plus vite. Il éprouvait de vives inquiétudes. L’armée mahratte, commandée par le Peishwa en personne, Balladgi-Rao, s’avançait contre nous. Ce mouvement était le résultat d’une intrigue ourdie par Gazendi-Kan, le frère de Naser-Singue, qui ambitionnait secrètement le trône du Dékan et s’efforçait déjà de rassembler tous les matériaux qui pouvaient servir à son œuvre de prétendant. Passer la rivière devant les Mahrattes, c’était bien difficile ! Bussy réussit à les gagner de vitesse. Le 20 mars, la Chichena était derrière nous.

Salabet-Singue, d’accord avec Bussy, entama des pourparlers avec Balladgi-Rao. Celui-ci demandait une forte somme d’argent et la cession de quatre forteresses. On négocia pendant huit jours. Rien ne se décidait ; on n’était pas plus avancé qu’au début des conférences. Bussy s’impatienta. Il sentit qu’il fallait intimider les plénipotentiaires mahrattes et leur dit hautement que si l’on n’avait pas tout de suite la paix, il se placerait à la tête de ses troupes et attaquerait immédiatement. Les Français étaient au faîte de la gloire ; on les tenait pour invincibles ; aussi ce langage exerça la plus vive impression sur les ambassadeurs de Balladgi-Rao. Ils ne mirent plus en avant que des propositions raisonnables. La paix fut enfin conclue moyennant un présent de deux lacks de roupies, offert à Balladgi-Rao. On atteignit Hyderabab le 12 avril et Aurungabad le 20 juin. C’est dans cette dernière ville qu’eurent lieu les fêtes du couronnement de Salabet-Singue. Le jour de son entrée triomphale à Aurungabad, le soubab envoya à