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étaient une preuve de son isolement et de son impuissance. Dupleix, encore un peu inquiet, mais dominé par la nécessité d’avoir dans le Dékan une garnison qui assurerait Mousafer-Singue contre toute défaillance, pressé aussi par l’intérêt qu’il y avait de montrer aux Hindous le soubab installé dans Golconde et assis sur ce trône fameux, n’hésita plus. Il écrivit à la Compagnie pour demander un secours de 1,300 hommes. « La chose vous sera d’autant plus facile, disait-il, que la réforme des troupes qu’on fait en France vous met en état de choisir, et que la dépense ne sera pas pour votre compte, ainsi que l’entretien ici pendant leur séjour, et que vous aidez Chanda-Saïb sans frais de votre part. »

Il accorda à Mousafer-Singue un secours d’une batterie d’artillerie, 1,800 cipayes, 60 Cafres et 300 soldats français, dont 10 officiers. On a oublié leurs noms comme leurs exploits : c’étaient Kerjean, le major Vincent, les lieutenants Dugray, Aimard, les enseignes Ligny, Fejac, le Normand. Aumont, Clérac, et Gaveau, maître canonnier. Ils partaient gaiement, sous la conduite de Bussy, pour aller porter la gloire du nom français dans des contrées presque inconnues. Dupleix leur assurait à chacun une petite fortune, ainsi qu’aux soldats. Il ne se séparait pas d’eux sans un serrement de cœur ; c’étaient les compagnons des jours de lutte et d’angoisse ; il les avait toujours trouvés prêts à marcher sous les balles pour l’intérêt du pays, et dans l’adieu qu’il leur disait au départ, il y avait un accent de sympathie et de mélancolie profonde. Il voulut faire partager à Mousafer-Singue