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Singue, de restituer à cet héritier légitime d’un héros ses terres d’Adony et d’Adiviny, et d’investir enfin Chanda-Saïb de la nababie d’Arcate et du gouvernement de Trichinapaly, où la confiance du Grand Mogol l’avait appelé ; que quant à ce qui le concernait personnellement, lui et la Compagnie, il ne voulait que la libre possession de Mazulipatam, régulièrement cédée contre finances à la Compagnie. Et prenant un air de dédain, il ajouta : « Jusqu’ici, vous et vos pareils, avez cherché à me tromper par toutes sortes de propositions mensongères. J’y consentais parce que j’ignorais la perfidie de vos diplomates. Aujourd’hui, je vous le dis, je ne tomberai plus dans ces pièges qu’un art trop peu scrupuleux mettait sur ma route. Je ne donnerai point à mon général l’ordre de s’arrêter. Mes troupes marcheront sur Arcate ; elles ne cesseront d’avancer que lorsque j’aurai un traité définitif, que lorsque Mousafer-Singue délivré sera remis en possession de ses terres. Tant pis pour votre maître. Lui seul est responsable du sang versé, des calamités qui surviendront. » Ce fier langage intimida les ambassadeurs de Naser-Singue ; mais encouragés par l’inertie de d’Autheuil, par les rigueurs de la saison, qui devenait de plus en plus mauvaise, en outre portés par nature à ruser et à gagner du temps, ils cherchèrent à traîner les négociations en longueur, tout en craignant une explosion de colère du gouverneur, qui pouvait les briser.

Dupleix ne lâchait pas un pouce de ses prétentions. Il offrit simplement aux diplomates hindous de remettre à Mousafer-Singue la nababie d’Arcate ; c’était, disait-il, un moyen de sauvegarder l’amour-propre du soubab,