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commandement des sections qui opéraient contre le principal ouvrage.

L’ennemi s’était barricadé sur les versants que nos troupes avaient à gravir ; de là, il faisait pleuvoir une grêle de balles sur l’assaillant. Ni la difficulté du sol, ni les retranchements, ni la mousqueterie, ni la canonnade n’arrêtèrent l’élan des compagnons de Bussy. Au matin, les citadelles étaient à nous, et les vainqueurs eux-mêmes s’étonnèrent de leur victoire, quand à la clarté du soleil levant ils virent les fortifications prises en si peu d’heures.

La chute de Gingi l’inexpugnable frappa plus les esprits que la bataille d’Ambour. On admira les Français ; on les jugea invincibles. Que faire contre des soldats qui, un contre cent, avaient en une nuit pris la plus forte place de l’Inde ? Selon le mot d’un contemporain, Kerjean, acteur dans cette guerre, le plus beau titre de gloire aux yeux des Hindous fut d’être Français. Il ne fallait pas laisser cette admiration s’affaiblir. Dupleix connaissait trop le caractère des indigènes pour permettre l’inaction à ses généraux. La forteresse était à peine conquise, qu’il pressait d’Autheuil de marcher : « Il ne faut même pas, disait-il, laisser penser à l’ennemi que l’on s’amuse à Gingi ; il faut lui faire voir qu’on veut le poursuivre partout, même à Arcate. Il est donc de toute nécessité de pousser en avant. Comme ces chiens de Maures changent facilement de sentiment, il faut toujours les tenir dans la crainte. Ainsi mettez-vous donc en mouvement ! » Cette tactique était la meilleure dans les circonstances où l’on était.