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d’eux, et il se décidait à caresser et à effrayer Naser-Singue, « à mettre un gant de velours sur une main de fer ».

« J’ai des troupes et point d’officiers. J’en ferai », disait-il. Et le 20 avril, il donna à Beausset et à de Larche, ses envoyés près de Naser-Singue, l’ordre de ne pas faiblir dans les négociations et de réclamer, en les indiquant comme les points principaux d’entente possible, la mise en liberté de Mousafer-Singue, la restitution d’Adony et de Raschpour, la nababie d’Arcate confiée à Chanda-Saïb ou à Mousafer-Singue. Il leur envoya des instructions très-détaillées, très-complètes, où tout était prévu, calculé avec un art merveilleux pour tromper le soubab, le tenter, le fasciner, l’épouvanter tour à tour.

« … Le nabab doit être fort irrité contre son neveu, leur écrivait-il ; mais à dire vrai, la faute de ce que celui-ci a fait ne doit pas lui être tout à fait imputé. L’empereur lui a donné l’ordre d’agir ; c’est en conséquence de ses ordres qu’il a agi. Si on trouve grande la faute de s’être conformé aux ordres d’un maître, ce même maître ne pourra-t-il pas aussi reprocher à Naser-Singue ce qui se passe aujourd’hui, et ne serait-ce pas d’une bonne politique d’apaiser le prince en rendant à ce jeune homme une liberté perdue pour avoir obéi aux ordres d’un maître ? Plus la faute est grande, plus le pardon a de mérite. Et à qui accorderait-il ce pardon ? À son neveu, au fils de sa sœur aînée, au petit-fils du nizam. Ces titres seuls exigent la plus grande attention de sa part et encore plus la réputation qu’une telle action lui donnera dans le monde entier, la satisfaction en outre d’obliger une nation comme la nôtre, qui, en