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britannique obéissaient aux sentiments d’une cupidité que les trésors du nabab pouvaient à peine assouvir, et à la haine qu’ils ressentaient pour la France. Ils ne voyaient pas encore clair dans le système de Dupleix. Il ne venait à la pensée d’aucun fonctionnaire anglais qu’on pût créer une sorte de Mairie du Palais à côté de cette royauté fainéante des nababs ; ils se contentaient du rôle de mercenaires dans l’armée de Naser-Singue. Ils voulaient uniquement nous créer des embarras et, en se vengeant de leurs défaites dernières, tirer un bon revenu des troupes devenues inutiles depuis la paix et dont l’entretien pesait lourdement sur les finances de la Compagnie.

Était-ce une œuvre chimérique que de chercher à brouiller Naser-Singue avec ses auxiliaires ? Dupleix ne le croyait pas. Il pensait qu’on arriverait à lui prouver que notre désir le plus cher, c’était de voir la concorde régner entre les trois prétendants qui se disputaient la succession de Nizam el Molouck. Ne pouvait-on pas s’entendre ? Le Dékan et le Carnate n’étaient-ils pas assez grands pour satisfaire toutes les ambitions ? La politique de Dupleix consistait à se poser en arbitre, en juge des prétentions des trois princes ; ainsi il les dominait encore mieux. Quant aux Anglais, l’important, c’était de les battre dans une ou deux rencontres ; nous n’aurions pas de peine alors à faire renvoyer ces auxiliaires, dépouillés de tout prestige. Dupleix entama, sous le couvert des nababs, ses alliés, une négociation avec Naser-Singue. Celui-ci, ambitieux sans moyens, aimant le pouvoir surtout pour les jouissances matérielles qu’il donne, sans talents militaires, sans vues politiques,