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Singue, que c’est pour leurs affaires propres que je suis engagé avec lui, et qu’ainsi je serai toujours content qu’ils puissent s’accorder avec lui, en sauvant autant qu’il sera possible mon honneur et celui de la nation ; que nos troupes sont auprès d’eux, soit pour se battre, soit pour leur faire obtenir par négociation ce qu’ils souhaitent. Dans l’instant je reçois votre lettre. Je n’ai autre chose à répondre que de se tenir fermement aux propositions que fait Mousafer-Singue. L’honneur de la nation, le bien de ces seigneurs, tout est à l’abri, et je ne souhaite autre chose. Aussi agissez en conséquence. Tâchez de vous trouver à toutes les conférences. S’il convient de traiter, vous tiendrez toujours votre armée et celle du nabab en état, car c’est dans ces circonstances-ci qu’il faut veiller plus attentivement. » Au fond, peu lui importait que le soubab s’appelât Mousa ou Naser. Ce qu’il voulait, c’était le tenir en sa puissance. C’eût été un coup de maître que d’obtenir, sans guerre, sans luttes, la cession du Carnate en faveur de Chanda-Saïb et d’une partie du Dékan en faveur de Mousafer-Singue. C’était gagner du temps et ruiner à la longue l’influence de Naser-Singue. Quelle serait la situation de ce dernier en face de Mousafer-Singue et de Chanda-Saïb, ou plutôt de nous-mêmes solidement établis dans les meilleures citadelles des régions soumises aux deux nababs, nos alliés ? Munis de bases d’opération aussi fortes, nous tenions Naser-Singue à notre discrétion.

Dupleix voulait encore le séparer des Anglais. Aucune idée politique n’inspirait ceux-ci : en prêtant leur appui à Naser-Singue, les chefs de la Compagnie