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connaître, peut éclairer ses œuvres. Cet événement c’est l’éducation du penseur et en particulier l’enseignement qu’il reçoit. Ici, on est dans la région des idées claires, ou relativement claires, et on peut espérer d’apercevoir avec quelque objectivité le rapport de ce que le penseur a écrit avec ce qu’on lui a enseigné. Nous relèverons donc quelques-uns des renseignements que l’on possède aujourd’hui sur les études de Descartes au collège de la Flèche, au moins pendant ses années de philosophie. Nous puiserons pour cela dans le livre du Père de Rochemonteix : Un collège de Jésuites au XVIIe et au XVIIIe siècle. Le Collège Henri IV de la Flèche. (Le Mans, 1889 ; t. IV.)

L’opinion de Descartes lui-même sur la valeur de l’enseignement qu’il a reçu chez les Jésuites est connue. Elle n’implique nullement une approbation des doctrines enseignées : mais elle est bien plus éloignée encore de contester l’utilité de l’enseignement en question pour la formation de l’esprit. En 1641, un de ses amis l’ayant consulté sur la question de savoir s’il ne conviendrait pas de choisir les universités de la Hollande pour y faire suivre à son tils les cours de philosophie, Descartes répondit : « Or, encore que mon opinion ne soit pas que toutes choses qu’on enseigne en Philosophie soient aussi vraies que l’Évangile, toutefois, à cause qu’elle est la clef des autres sciences, je crois qu’il est utile d’en avoir étudié le cours entier, en la façon qu’il s’enseigne dans les écoles des Jésuites, avant qu’on entreprenne d’élever son esprit au-dessus de la pédanterie pour se faire savant de la bonne sorte. Et je dois rendre cet honneur à mes maîtres, que de dire qu’il n’y a lieu au monde où je juge qu’elle s’enseigne mieux qu’à la Flèche[1] … »

On se doute bien que l’enseignement des Jésuites

  1. II. 3786 12 sept. 1638 d’après AT ; la date de 1641 est celle de Cousin, VIII, 536. Cf. Baillet, I, 32 ; Rochemonteix. p. 2.