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moins comprend-on aisément que le temps était favorable à la naissance d’une philosophie. Et on comprend ausi que, depuis l’antiquité jusque-là, les temps avaient été au contraire défavorables.

En passant à la biographie de l’auteur, nous ne faisons que continuer l’étude des conditions dans lesquelles la philosophie cartésienne s’est produite ; car l’individu, fonction, au moins en partie, du milieu historique et social, est comme le milieu psychologique des productions de la pensée. Aussi apporterons-nous dans cette nouvelle partie de notre étude le même esprit que dans la précédente. La biographie d’un penseur se présente sous deux aspects : d’une part elle cherche à tracer le portrait intérieur du personnage, à saisir les traits dominants de son caractère et de son esprit, en s’appuyant sur des actes suffisamment significatifs. Mais les actes de cette espèce sont souvent peu nombreux et l’interprétation en est souvent bien conjecturale. Un acte comme le pèlerinage de Descartes à Notre-Dame de Lorette est significatif assurément et s’interprète sans peine. Peut-être n’en citerait-on pas beaucoup dans sa vie dont on put dire la même chose. Le parti qu’il prend de supprimer son Traite du Monde quand il apprend la condamnation de Galilée a l’air de constituer un acte caractéristique : cependant on ne s’accorde pas très bien sur le sens qu’il convient de lui attribuer. Nous laisserons donc de côté l’étude du caractère et de l’esprit de Descartes. — Nous attacherons-nous à l’autre élément d’une biographie, aux événements de la vie de l’auteur ? D’une manière générale, les vies de penseurs offrent peu d’événements surtout qui aient influé sur leurs pensées. Le naufrage de Zenon de Cittium, la rencontre du Traite de l’Homme par Malebranche constituent plutôt des cas exceptionnels. Toutefois il a dans la vie d’un penseur un événement privilégié qui, quand on a l’heureuse fortune de le bien