Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est donc, au plus tard, vers la moitié du dernier siècle av. J.-C. qu’il a pu faire ses travaux sur Aristote[1].

Nos renseignements sur Apellicon nous viennent d’Athénée[2]. Celui-ci raconte, d’après Posidonius et dans un esprit malveillant, l’histoire d’Athénion (celui que Plutarque dans la Vie de Sylla appelle Aristion), qui gagna les Athéniens à la cause de Mithridate et gouverna Athènes jusqu’à la prise de la ville par Sylla. Sans être un des chefs de l’École péripatéticienne, c’était, comme d’ailleurs son père, de même nom que lui, un péripatéticien. Par sympathie philosophique, il choisit pour un de ses lieutenants Apellicon de Téos. Apellicon fut battu à Délos par le romain Orobius, ce qui explique très bien la mainmise de Sylla sur la bibliothèque d’Apellicon. Si l’on en croit Athénée, c’était, non à proprement parler un philosophe, mais un aventurier ayant du goût pour la philosophie et en général pour les livres, et qui, dit-il, avait volé, dans le Mêtrôon où ils étaient déposés, des originaux de décrets du peuple athénien. La part faite des intentions malveillantes de Posidonius, il semble que nous sommes en présence d’un simple amateur, peu capable de mener à bien une édition d’Aristote.

Mettons-nous maintenant en face du récit traditionnel et examinons-en la valeur. Pour cela, ramenons-le d’abord à sa source. Nous avons trouvé le récit dans Strabon et dans Plutarque. Il est aussi dans Suidas, mais celui-ci ne fait évidemment que compiler Plutarque. Plutarque, comme on l’a vu, ajoute un seul détail à ceux que nous donne Strabon, et il est vrai que c’est un détail capital, la mention d’Andronicus et de ses travaux. Mais, comme Plutarque utilise peu après dans la Vie de Sylla, au sujet d’un incident du séjour de Sylla à Athènes, les mémoires historiques de Strabon, la conjecture de Stahr est vraisemblable : le passage relatif à Andronicus peut venir aussi de cet ouvrage. Ainsi Strabon demeure, pour le récit qui nous

  1. Plut., Lucullus, 19. Cf. Zeller. III 2⁴, 643, 2 et II 1³, 139, 1.
  2. Deipnosoph., V, 48-53 (cf. 47, 211 d, où Athénée désigne sa source), surtout p. 214 d. Cf. Zeller, II 2³, p. 934, n. 3.