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gauche du monde) au De incessu animalium qui lui est postérieur. Les Météorologiques qui, à la fin de leur premier chapitre, annoncent pour plus tard les recherches sur les êtres vivants, citent pourtant le De sensu (ἐν τοῖς περὶ τὰς αἰσθήσεις). Le Περὶ φυτῶν est promis comme un ouvrage futur dans les Parva naturalia et dans d’autres ouvrages qui citent l’Histoire des animaux ; or l’Histoire des animaux cite le Π. φυτῶν comme un ouvrage déjà composé. Le traité Des parties des animaux est cité une fois dans La marche des animaux, et à son tour La marche des animaux cite trois fois le traité Des parties des animaux. Ces références qui se croisent sont trop nombreuses pour qu’on puisse admettre que le futur et le passé y ont été mis à la place l’un de l’autre par l’inadvertance des copistes, et elles sont trop intimement unies au contexte, au moins dans plusieurs cas, pour qu’on puisse les regarder comme des interpolations[1]. Mais, si c’est bien Aristote qui les a placées dans ses ouvrages, il faut donc qu’il les ait eus tous à la fois sous la main et à sa disposition, c’est-à-dire qu’il n’ait pas eu à compter avec le fait que les uns étaient publiés, quand il composait les autres. C’est dire que les écrits acroamatiques n’ont pas été à proprement parler publiés du temps d’Aristote. — L’examen du passage célèbre par lequel se terminent les Σοφιστικοὶ ἔλεγχοι, et avec eux tout l’Organon, conduit à la même conclusion. Aristote s’y adresse à des lecteurs, mais aussi à ses auditeurs, et évidemment les lecteurs auxquels il s’adresse ne sont pas le public, puisqu’il convie les lecteurs à travailler avec lui à l’amélioration de sa logique, ou au moins des Topiques[2] : ce sont peut-être des auditeurs de demain. L’ouvrage est donc publié pour l’usage d’un cercle restreint. Le livre Δ de la Métaphysique, ou περὶ τῶν ποσαχῶς λεγομένων, si souvent cité par Aristote comme un ouvrage qu’on a en mains, n’a pour-

  1. Voir Zeller, p. 126 sqq., principalement 127, 3, 4 ; 128, 4, 3, 4 ; 129 et n. 2.
  2. 33, fin : εἰ δὲ φαίνεται θεασαμένοις ὑμῖν… ἔχειν ἡ μέθοδος ἱκανῶς παρὰ τὰς ἄλλας πραγματείας τὰς ἐκ παραδόσεως ηὐξημένας, λοιπὸν ἂν εἴη πάντων ὑμῶν ἢ τῶν ἠκροαμένων ἔργον τοῖς μὲν παραλελειμμένοις τῆς μεθόδου συγγνώμην τοῖς δ’ εὑρημένοις πολλὴν ἔχειν χάριν.