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mouvement simple requiert un corps simple. On peut donc partir de la considération des mouvements pour déterminer le nombre et l’essence des corps simples. Or il n’y a que deux sortes de mouvements simples : le circulaire et le rectiligne. Comme le mouvement circulaire est le plus parfait des mouvements, il doit donc servir à définir le plus parfait des corps simples. Par conséquent, les astres sont faits d’un élément que sa nature meut du mouvement circulaire[1]. Cet élément, dont le mouvement, en même temps que circulaire, est éternel, s’appelle l’éther[2]. De même que la translation circulaire n’admet en elle aucune contrariété, de même l’éther n’a pas de contraire. Déjà exempt de génération et de corruption parce qu’il doit être le sujet d’un mouvement éternel, il l’est encore comme n’ayant pas de contraire ; car la génération suppose, au moins par l’altération qu’elle implique, le passage d’un contraire à l’autre. Toujours au même titre, l’éther est non seulement inaltérable, mais aussi soustrait à l’accroissement et au décroissement (ibid. 270 a, 13). Bref l’éther n’admet pas d’autre changement ni mouvement que la translation circulaire, à laquelle il est destiné à servir de sujet adéquat. C’est pourquoi il mérite d’être appelé divin[3]. — Cela, bien entendu, ne signifie nullement que l’éther soit en lui-même autre chose qu’un corps et qu’il recèle des puissances supérieures à celles qui peuvent appartenir à un corps. Nous venons de voir qu’il a une nature. Plus parfaite que celle des autres éléments, cette nature est pourtant du même ordre, et elle n’est pas motrice à un autre titre que les natures des corps graves et des corps légers. Mais l’éther n’est que la matière des êtres sidéraux. Nous som-

  1. De caelo I, 2, 269 a, 5 : … ἀναγκαῖον εἶναί τι σῶμα ἁπλοῦν ὃ πέφυκε φέρεσθαι τὴν κύκλῳ κίνησιν κατὰ τὴν ἑαυτοῦ [αὐτοῦ Prantl] φύσιν. Voir ibid. 268 b, 13-19, 26-269 a, 9 ; 269 b, 2-6 ; 3, 270 b, 26, jusqu’à la fin du chap.
  2. αἰθήρ, dont l’étymologie serait, d’après Aristote, ἀεὶ θεῖν (courir toujours) et non pas αἴθειν (brûler), car l’éther n’a rien de commun avec le feu : cf. ibid. 3, 270 a, 4-25. Voir Zeller, p. 437, n. 5 et 6.
  3. Météor. I, 3, 339 b, 25 : τὸ γὰρ ἀεὶ σῶμα θέον ἅμα καὶ θεῖόν τι τὴν φύσιν…