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inconvénient, après avoir reconnu ce qu’il y a d’artificiel dans cette manière de procéder, à réunir l’étude des êtres vivants avec celle des êtres inorganiques, pour passer ensuite seulement à l’étude de l’âme. Aussi bien sommes-nous obligés de nous contenter d’indications rapides relativement aux vues d’Aristote sur ces deux classes d’êtres, de même d’ailleurs qu’en ce qui concerne la théorie du ciel.

Aristote divise le monde en deux régions d’inégale étendue et d’inégale excellence. Sur la terre et autour de la terre se passent la génération et la corruption. C’est là l’endroit qu’on a appelé, après Aristote, le monde sublunaire et que lui-même désigne par les mots κάτω σελήνης (Météor. I, 4, fin). Au-dessus de la lune, ἄνω καὶ μέχρι σελήνης (ibid. 3, 340 b, 6), s’étend une région immensément plus vaste, où les phénomènes présentent une tout autre régularité et où les vicissitudes de la génération et de la corruption n’existent pas[1]. Nous nous occuperons d’abord de ce monde sidéral.

Le premier point qui doive appeler l’attention est celui de savoir quelle est la nature substantielle des êtres de ce monde supra-lunaire. La question est d’ailleurs pour Aristote autrement compliquée qu’elle ne l’est pour un moderne. En effet les substances sensibles éternelles ne sont pas seulement des corps : ce sont des êtres animés. Nous avons donc à nous demander, d’une part, quel est le corps dont ces substances sont faites, et ce qu’il faut penser de l’âme qui les informe. — Pour déterminer l’essence du corps dont les astres sont faits et même, plus généralement, pour déterminer l’essence des éléments dont toutes choses sont faites, Aristote, dans les chapitres 2 et 3 du livre I du De caelo, procède d’une manière entièrement déductive. La nature, dit-il, est un principe interne de mouvement, et tous les corps naturels sont mobiles. D’autre part, il ne peut manquer d’y avoir correspondance entre les mouvements simples et les corps simples : un corps simple doit se mouvoir d’un mouvement simple et, inversement, un

  1. Voir Zeller, p. 460 et n. 2, où des textes sont cités.