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translation circulaire, est attestée par les Physiologues. La Haine et l’Amitié d’Empédocle, puisque l’une sépare et que l’autre réunit, produisent des mouvements locaux ; de même l’Esprit d’Anaxagore, qui sépare. Le mouvement des atomes dans le vide qui s’ouvre devant eux, mouvement qui sert de base aux autres mouvements et en constitue la vérité, est une translation. Les raréfactions et condensations dont parlent d’autres Physiologues sont encore des mouvements locaux. Enfin ceux qui regardent l’âme comme le principe suprême du mouvement professent encore la primauté du mouvement local ; car c’est de cette sorte de mouvement que, dit-on, l’âme se meut elle-même. À ces témoignages des Physiologues celui de la langue pourrait se joindre. Car, lorsqu’on parle de se mouvoir, si on prend le mot dans son sens propre, on entend par là se déplacer selon le lieu (265 b, 17-266 a, 5). — En résumé, il a été établi jusqu’ici que le mouvement est éternel, qu’il faut pour rendre compte de ce mouvement, un premier moteur, que le premier mouvement est la translation circulaire, que ce mouvement seul est capable d’être éternel et enfin que le premier moteur est immobile (a, 6 à la fin du ch.).

Au point où Aristote est parvenu, il ne lui reste plus qu’à couronner sa démonstration par le théorème important que le premier moteur immobile est au-dessus de l’étendue. L’établissement de ce théorème est l’objet principal du dernier chapitre de la Physique. Toutefois ce n’en est pas le seul objet. Ce chapitre s’occupe aussi, en l’intercalant entre les preuves du théorème et les conclusions qui le rappellent, de la discussion de deux objections. Nous commencerons par le développement consacré à ces objections. — La première intéresse le fond même de la dynamique d’Aristote et, d’autre part, elle amène l’auteur à indiquer la manière dont meut le moteur immobile. Aristote ignore la loi d’inertie ; il en ignore surtout la partie qui est liée à la notion de masse. Le mouvement lui apparaît donc comme incapable de subsister en dehors de l’action sans cesse renouvelée du moteur, et, pour maintenir à une masse libre une vitesse constante, ce moteur, aux yeux d’Aristote, accomplit un travail et consomme de l’énergie. Aussi le