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ce moment au temps qu’a duré le devenir, cela ne fait pas plus de temps (263 a, 4-264 a, 6).

Nous avons donné les raisons les plus propres, tirées de la nature de la droite et du mouvement qui la parcourt, pour établir qu’un mouvement rectiligne ne peut pas en se prolongeant rester continu et, partant, infini. Voici d’autres raisons plus logiques, tirées de la considération des diverses espèces de mouvement prises en général. — Un mouvement continu, à quelque moment qu’on le prenne, tend vers son terme. Si donc le mouvement ascensionnel de Α vers Γ et le mouvement inverse forment un mouvement continu, le mobile, dès qu’il part de Α, va aussi vers Α tout en allant vers Γ : c’est-à-dire qu’il est animé à la fois de deux mouvements contraires ; et, d’autre part, il s’éloigne de Γ avant d’y être parvenu. Pour éviter ces impossibilités, il faut que le mobile se repose en Γ ; le mouvement est donc coupé par une pause et, partant, n’est plus un. C’est là le sort commun de tous les mouvements non circulaires, en y comprenant la translation (264 a, 7-21). — L’argument suivant, dit Aristote, est plus général encore : cela, sans doute, parce que l’argument se fonde, non seulement sur la considération de tous les mouvements, mais encore sur l’incompatibilité, tout à fait générale, de la privation et de l’habitude. Les mouvements inverses sur une droite sont contraires entre eux, et des mouvements contraires ne peuvent appartenir en même temps à un mobile. Donc le mobile ne reçoit les deux mouvements inverses que l’un après l’autre. Mais, comme ce qui ne se meut pas d’un certain mouvement, étant pourtant apte à le recevoir, en est privé, et que cette privation est, en chaque espèce de mouvement, le repos approprié, un mobile qui revient sur lui-même est donc en repos au point de retour (264 a, 21-b, 1). — Enfin un dernier argument, plus propre et moins logique, vise spécialement l’altération. 1o Le moment où l’un des contraires a achevé de se corrompre et celui où l’autre contraire est présent ne font qu’un. Mais, si le mouvement vers le blanc et le mouvement à partir du blanc forment un seul mouvement, le moment où la corruption du non-blanc est achevée, celui où le blanc est présent, et celui où