Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/345

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vient pas du moteur immobile de l’animal ; il provient au contraire du dehors. De plus le moteur immobile de l’animal, ou l’âme, est mû en quelque façon malgré son immobilité. Il est mû par accident. L’âme se fait changer de lieu accidentellement en déplaçant son corps, comme un homme pourrait se déplacer avec un levier. Il en résulte que l’âme, se trouvant transportée dans une certaine région du lieu, mouvra désormais pour faire sortir le corps de cette région et le faire passer dans une autre. En un mot le mouvement qu’elle imprimera sera conditionné par le lieu où elle s’est accidentellement transportée. Mais un tel mouvement ne saurait être continu, ni, par conséquent, éternel. Pour produire un mouvement éternel, il faut un moteur qui reste toujours en soi-même et dans le même lieu. C’est seulement avec un tel moteur, restant toujours dans le même rapport à l’égard de son mobile, qu’il peut y avoir un mouvement immortel et sans pauses. Sans doute, si ce moteur, par l’intermédiaire de son mobile propre, transmet son mouvement à des mobiles avant eux-mêmes des moteurs immobiles, ces derniers moteurs seront mus par accident. Toutefois leur condition ne sera pas pareille à celle de l’âme, parce que le mouvement reçu n’empêchera pas leur mouvement propre de rester ce qu’il est, c’est-à-dire continu et éternel. On voit donc que l’âme des animaux ne peut pas être le moteur immobile dont on a besoin pour expliquer l’éternité du mouvement et qu’il y faut un moteur immobile éternel (259 a, 20-b, 31). — À ce moteur immobile éternel doit obéir immédiatement un mobile éternel, par l’intermédiaire duquel le reste soit mû. En effet il y a de la génération et de la corruption dans une partie du monde. Or elles ne peuvent être produites directement par le moteur immobile, attendu que, étant toujours le même par rapport aux choses, il ne saurait leur imprimer qu’un mouvement unique. Le premier mobile, au contraire, ne conserve pas toujours le même rapport avec les choses, puisqu’il est mû. Il peut donc mouvoir un autre mobile d’un mouvement qui admette des changements de position dans le mobile qui est le sujet de ce mouvement. Ce second mobile, passant par des positions