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que le moteur-mû qui l’altère subit à son tour L’accroissement, et non l’altération ? Comme les espèces de mouvement sont en nombre fini et que force est bien de s’arrêter, il y aura dans la série des moteurs-mus un moteur altéré, en même temps que le dernier d’entre eux jouera le rôle d’altérant. La contradiction, un instant éloignée, reparaît. L’absurdité de la doctrine selon laquelle tout moteur est mû se manifeste d’ailleurs plus clairement encore de la façon suivante. Si tout ce qui est susceptible de mouvoir est susceptible d’être mû, il faudra que, soit directement soit indirectement, tout ce qui est capable de guérir soit guéri, tout ce qui est capable de bâtir, bâti. Donc il est impossible qu’il n’y ait que des moteurs-mus, c’est-à-dire des moteurs intermédiaires. Il faut qu’il y ait un moteur immobile, ou, si le premier moteur est mû, il faut du moins qu’il ne soit mû que par lui-même (256 b, 27-257 a, 271. — Accommodons-nous de la dernière hypothèse, et voyons comment se meut un moteur qui se meut lui-même. Tout mobile est continu et divisible ; un moteur-mû peut donc se diviser : or, sous peine d’être mû du même mouvement que celui qu’il donne, il faut qu’il se divise en une partie mue et une partie motrice. D’ailleurs, comme moteur, il est en possession d’une forme ; il ne peut donc pas être en même temps mobile, c’est-à-dire privé de la forme dont il s’agit et seulement capable de la recevoir. Donc il faut distinguer dans le moteur qui se meut lui-même ce qui meut et ce qui est mû. Dira-t-on que les parties du moteur qui se meut lui-même sont toutes mues et motrices à la fois, parce qu’elles se meuvent réciproquement ? Mais alors le mouvement et la forme n’ont plus d’où partir. D’ailleurs, si chaque partie n’a pas de soi, mais tire de l’autre, le mouvement, alors le mouvement est en chacune d’elles accidentel, c’est-à-dire que le mouvement pourrait ne pas exister. Enfin chacune des parties recevrait de l’autre le même mouvement qu’elle lui donne. Quant à prétendre que c’est seulement une partie du moteur qui se meut elle-même, cela n’avance à rien, puis que cette partie devient le moteur se mouvant lui-même et que les mêmes difficultés renaissent à son sujet. Donc le