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fait-il qu’il y ait pour certains êtres des intermittences de mouvement et de repos ?

Tout est éternellement immobile, ou tout est éternellement en mouvement, ou encore certaines choses se meuvent et d’autres sont en repos. Cette dernière hypothèse se subdivise à son tour de la façon suivante : les choses qui se meuvent éternellement, et celles qui sont en repos, y sont éternellement ; ou bien il y a pour toutes des alternatives de mouvement et de repos ; ou bien enfin certaines choses sont éternellement immobiles, certaines autres éternellement en mouvement, et d’autres encore, tantôt en mouvement et tantôt en repos. Voilà tous les cas qu’on peut concevoir. Le but et le terme de l’étude que nous poursuivons seront atteints si nous établissons que, de tous ces cas, c’est le dernier qui se présente et doit se présenter dans la réalité (3 déb.-253 a, 32). — La doctrine de l’immobilité universelle repose sur une erreur de jugement, puisqu’elle veut substituer l’entendement aux sens dans une question qui est du domaine de ceux-ci. En supprimant tout mouvement elle supprime la nature entière, en croyant peut-être n’en supprimer qu’une partie ; ce n’est pas la physique seule qu’elle rend impossible, mais presque toutes les sciences et toutes les opinions ; car ces deux manières de connaître supposent presque toujours le mouvement. Enfin le physicien n’est pas obligé de la réfuter ; car la physique part de la donnée du mouvement (253 a, 32-b, 6). — Les partisans du mouvement universel s’éloignent moins de l’esprit de la physique. Mais, selon Aristote qui nous livre, en les réfutant, des aperçus intéressants et de conséquence sur sa dynamique, ces penseurs se trompent gravement dans le raisonnement qu’ils emploient pour soutenir leur thèse là où elle ne peut plus s’autoriser du témoignage des sens. D’après les partisans du mouvement universel, lorsque les sens ne nous montrent plus de mouvement, il y en a encore ; et ils raisonnent comme ceux qui croient à la division infinie en acte du décroissement d’une pierre sous l’action des gouttes d’eau, ou de la fente d’une pierre par l’effet d’une racine qui se développe dans une fissure. De ce qu’une certaine quantité de gouttes d’eau