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de sorte qu’il n’y a point de matière attachée à elle et qu’elle n’est point un principe immanent[1].

Le dernier livre de la Φυσικὴ ἀκρόασις est donc déjà presque une étude de métaphysique : « La connaissance de la vérité sur ce point [c’est-à-dire non pas même encore sur la cause suprême du mouvement, mais sur l’éternité du mouvement et la manière dont il faut l’entendre] sera utile, dit Aristote, non seulement pour la science de la nature, mais encore pour l’étude dont l’objet est le premier principe[2] ». Ainsi la Φυσικὴ ἀκρόασις touche immédiatement à la métaphysique. Pourtant elle n’entre pas dans le domaine de la métaphysique proprement dite, et l’on aurait tort de croire que le livre VIII de la Physique fait double emploi avec le livre Λ de la Métaphysique. D’abord en effet la Φυσικὴ ἀκρόασις, comme nous le verrons, si elle établit l’existence du premier principe, n’en détermine la nature que d’une façon incomplète et même négative. Sans doute elle nous dit bien, et surtout elle suppose constamment, que le premier principe est forme et purement forme. Toutefois ce qu’elle fait ressortir, c’est l’aspect négatif de ce principe formel. Elle nous dit qu’il est sans étendue. Elle ne nous dit pas que cet être inétendu, c’est l’esprit. Seul le livre Λ de la Métaphysique développera cette détermination positive du premier principe. Mais il y a plus. Le dernier livre de la Physique et la Métaphysique diffèrent dans la démonstration de l’existence même du premier principe. Il s’agit sans doute dans la Métaphysique d’expliquer l’action des êtres naturels, c’est-à-dire le mouvement. Cependant ce n’est là que l’objet accessoire de la Métaphysique. Son objet principal est de rendre compte des substances mêmes, le mouvement s’expliquant ensuite par les âmes et les natures, formes immanentes des substances. Le premier principe est donc proprement, dans la Métaphy-

  1. οὐ γὰρ ἔχει κινήσεως ἀρχὴν ἐν αὑτῇ, ajoute Aristote immédiatement après les mots cités dans la note précédente.
  2. Phys. VIII, 5, 251 a, 5 : πρὸ ἔργου γὰρ οὐ μόνον πρὸς τὴν περὶ φύσεως θεωρίαν ἰδεῖν τὴν ἀλήθειαν, ἀλλὰ καὶ πρὸς τὴν μέθοδον τὴν περὶ τῆς ἀρχῆς τῆς πρώτης.