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singulièrement rapprochées de l’altération, et il est difficile de distinguer entre le cas où une chose, pour parler le langage des commentateurs, devient αλλοῖον et celui où elle devient ἄλλο, c’est-à-dire une autre substance. Le seul recours est évidemment celui que suggère Simplicius[1], à savoir que la forme substantielle se compose de toutes les formes partielles que peuvent produire plusieurs altérations successives ou simultanées et que, quand les altérations sont toutes réunies, la forme substantielle se constitue alors comme leur tout, comme leur tout qui est à la fois elles toutes et plus qu’elles toutes. C’est d’ailleurs à peu près exactement ce que dit Aristote dans un passage intéressant du VIIe livre de la Physique, passage qui nous fait aussi mieux comprendre comment la translation, ainsi que nous le disions tout à l’heure, peut être à la base des autres mouvements sans les absorber en elle. Peu de textes décèlent aussi bien l’esprit indéfectiblement hiérarchique de la philosophie aristotélicienne : « Il est nécessaire peut-être, dit Aristote, que la génération se produise en conséquence de quelque altération, par exemple en conséquence d’une raréfaction ou d’une condensation, d’un échauffement ou d’un refroidissement de la matière. Mais, malgré cela, être engendré n’est pas être altéré, la génération n’est pas altération. » Et, quelques lignes plus bas, Aristote ajoute que la génération est, par rapport aux mouvements qui en sont les conditions nécessaires, comme le comble et la toiture de tuiles, qui achèvent une maison[2].

Telle est la partie purement physique de la théorie du

  1. Phys. 282, 18-29 Diels : la génération et la corruption οὐ καθ’ αὑτὸ τοῦ εἴδους ἐστίν, ἀλλὰ κατὰ τὰς τοῦ εἴδους διαφοράς [pour le feu p. ex., la chaleur, la sécheresse, le mouvement vers le haut]. φθειρομένων γὰρ ἐκείνων ὑπ’ ἀλλήλων συμφθείρεται τὸ εἶδος, ὥσπερ καὶ συντρεχουσῶν ἐπιγίνεται.
  2. 3, 246 a, 6 : ἀλλὰ γίνεσθαι μὲν ἴσως ἕκαστον ἀναγκαῖον ἀλλοιουμένου τινός, οἷον τῆς ὕλης πυκνουμένης ἢ μανουμένης ἢ θερμαινομένης ἢ ψυχομένης, οὐ μέντοι τὰ γινόμενά γε ἀλλοιοῦται, οὐδ’ ἡ γένεσις αὐτῶν ἀλλοίωσίς ἐστιν. a, 17 : … οὐδὲ τὸ τῆς οἰκίας τελείωμα λέγομεν ἀλλοίωσιν (ἄτοπον γὰρ εἰ ὁ θριγκὸς καὶ ὁ κέραμος ἀλλοίωσις, ἢ εἰ θριγκουμένη καὶ κεραμουμένη ἀλλοιοῦται ἀλλὰ μὴ τελειοῦται ἡ οἰκία)…