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qui s’endorment dans le temple de Sardes rattachent l’instant du réveil à l’instant où iis se sont endormis, et, n’ayant le sentiment d’aucun changement survenu entre les deux, ils se figurent qu’il ne s’est écoulé aucun temps pendant leur sommeil. Si donc, pour percevoir le temps, il faut percevoir du changement, il faut conclure de là que, dans la réalité, s’il n’y a pas de changement, il n’y a pas de temps (11 déb. à 219 a, 2).

La proposition qu’il faut prendre pour point de départ quand on cherche la nature du temps, est par conséquent que le temps est inséparable du mouvement. N’étant pas le mouvement lui-même, il faut qu’il soit quelque chose du mouvement (τί τῆς κινήσεώς) (219 a, 2-10). Reste à déterminer cette vue encore vague. Le temps suit le mouvement, le mouvement suit l’étendue. De là il résulte que l’étendue confère sa continuité au mouvement, celle-ci au temps, qui se trouve être ainsi un continu. D’autre part, la même liaison du temps avec l’étendue par l’intermédiaire du mouvement fait que le temps est caractérisé par l’antérieur et le postérieur. En effet il y a dans l’espace et, par suite, dans le mouvement, de l’arrière et de l’avant. Ce πρότερον et cet ὕστερον de l’étendue et du mouvement se retrouvent dans le temps et, matériellement, ils sont la même chose dans les trois choses. Seulement dans le temps leur quiddité est autre : ils ne sont plus l’avant et l’arrière ; ils deviennent, comme on peut le dire en français, l’antérieur et le postérieur. Or. quand nous distinguons ainsi de l’antérieur et du postérieur, que faisons nous ? Nous distinguons des phases dans le mouvement, nous le déterminons en enfermant entre des instants comme limites un intervalle différent d’eux (μεταξύ τι αὐτῶν ἕτερον). Le temps n’est donc pas autre chose que le mouvement, déterminé par des instants (219 a, 10-30). Cela pose, il n’y a plus qu’à dégager la définition abstraite du temps. « Le temps est le nombre du mouvement, suivant l’antérieur et le postérieur », c’est-à-dire que le temps consiste dans des phases, distinguées l’une de l’autre comme venant l’une après l’autre et, par conséquent, nombrées ; car distinguer dans la quantité,