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S’il y a un infini de composition, c’est celui qui serait l’inverse de l’infini de division (6, 206 b, 3-6 et 24-27).

Les théories de l’espace, du vide et du temps sont exposées suivant cet ordre dans le IVe livre de la Physique.

Le mot dont se sert Aristote, pour désigner l’espace est τόπος. Ce mot signifie plutôt encore le lieu que l’espace. C’est que pour Aristote, comme on verra, il n’y a pas d’autre espace que le lieu. Peut-être nous arrivera-t-il d’ailleurs d’employer alternativement les deux termes.

L’étude de l’espace s’impose au physicien, d’abord parce que tout être, ou du moins tout être sensible (Phys. IV, 1, 208 b, 28), est dans l’espace et parce que le mouvement local est le premier et le plus général des mouvements (ibid., déb. du ch.). C’est d’ailleurs, dit Aristote, une étude nouvelle ; car les philosophes antérieurs n’ont point résolu les difficultés que soulève la nature de l’espace, puisque Platon seul a essayé de dire ce qu’il est, et ils n’ont même pas, à l’exception de Zénon d’Élée, appelé l’attention sur quelques-unes au moins de ces difficultés (1, 208 a, 32 et 2, 209 b, 17). Relativement à l’existence de l’espace il n’y a pas de contestation, bien que peut-être il pût y en avoir quand on a compris les difficultés que soulève sa nature. Mais l’existence de l’espace se présente tout de suite comme fortement appuyée sur deux faits, qui sont d’ailleurs connexes. L’un est la substitution d’un corps à l’autre dans un même lieu (ἀντιμετάστασις) ; l’autre est le mouvement local (1, 208 b, 1-8 et 4, 211 a, 11-17). Par ces deux faits l’espace se détache des corps et se pose en lui-même. Puis un troisième fait survient, qui achève de faire ressortir la réalité de l’espace, une réalité très proprement physique cette fois et, pour ainsi dire, qualitative : caractère qu’Aristote exprime en disant que l’espace possède τινὰ δύναμιν. Le fait en question est l’existence dans l’espace de déterminations qui lui sont essentielles et qui apparaissent comme la cause, ou l’une des causes, du mouvement naturel des corps : le droit et le gauche et surtout le haut et le bas (1, 208 b, 8-22). La réalité de l’espace paraît si bien établie par ces divers faits qu’on peut songer un moment à se