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chaud. Pour cela que faut-il ? L’échauffer. Pour l’échauffer, il faut faire telle chose, opérer par exemple un mouvement de friction. Alors la réalisation commence par ce terme qui a été le dernier dans l’analyse à laquelle s’est livrée la pensée. Maintenant ce terme, premier dans la réalisation, qu’est-il par rapport au résultat qui va s’ensuivre ? Il est ce qui produit une partie de la santé, ou le réchauffement, et ainsi il est lui-même une partie de la santé[1]. Aristote isole assez bien dans ce passage la cause proprement dite. Mais, la causalité une fois isolée, il ne l’étudié plus en elle-même. La courte analyse qu’il en donne en une ligne et demie (b, 28 sq.), ou bien n’atteint pas ce qu’il s’agirait d’atteindre, car il y a notamment, une ligne plus haut, un certain ἕπεται dans lequel, sous l’idée de consécution, se cache une relation proprement causale ; ou bien, pour autant qu’il y a analyse, la causalité est, avec la notion de partie, ramenée à autre chose. Elle est ramenée à la cause matérielle : ἡ γὰρ ὕλη μέρος, est-il dit un peu plus bas[2]. Suivant en cela Socrate et Platon, c’est à la matière qu’Aristote assimile la cause nécessaire[3]. Après cette réduction des causes nécessaires à la matière, il ne reste plus qu’un pas à franchir pour faire disparaître complètement ce que la nécessité mécanique peut avoir de spécifique. Il reste à

  1. Nous citerons seulement les dernières lignes du passage, b, 26-30 : ἡ θερμότης τοίνυν ἡ ἐν τῷ σώματι ἢ μέρος τῆς ὑγιείας ἢ ἕπεταί τι αὐτῇ τοιοῦτον ὅ ἐστι μέρος τῆς ὑγιείας [à savoir l’équilibre du froid et du chaud] … τοῦτο δ’ ἔσχατόν τὸ ποιοῦν τὸ μέρος καὶ αὐτό πως μέρος ἐστι τῆς ὑγιείας καὶ τῆς οἰκίας οἷον οἱ λίθοι, καὶ τῶν ἄλλων. Après ἔσχατόν (b, 28), nous pensons qu’il faut, avec Alexandre (Metaph. 492, 11 Hayd. 459, 26 Bz), supprimer ἐστι, qui manque du reste dans le ms E (Paris, 1853), et qu’on doit, à la ligne suivante, lire avec Bonitz (Met. II, p. 323) : αὐτό πως μέρος (au lieu de τὸ οὕτως μέρος), mais en conservant, ce que ne fait pas Bonitz, après ποιοῦν, les mots τὸ μέρος. — Pour ce qui concerne la cause motrice, voir Zeller, p. 333, n. 1.
  2. Voici en effet la suite du passage : ὥστε… ἀδύνατον γενέσθαι εἰ μηδὲν προϋπάρχοι. ὅτι μὲν οὖν τι μέρος ἐξ ἀνάγκης ὑπάρξει, φανερόν· ἡ γὰρ ὕλη μέρος· ἐνυπάρχει γὰρ καὶ γίγνεται αὕτη [elle est sujet de la génération] (b, 30-1033 a, 1).
  3. Phys. II, 9, 200 a, 30 : φανερὸν δὴ ὅτι τὸ ἀναγκαῖον ἐν τοῖς φυσικοῖς τὸ ὡς ὕλη λεγόμενον καὶ αἱ κινήσεις αἱ ταύτης. Cf. Zeller, loc. cit. (fin de l’avant-dernière note).