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aussi singulier, et l’universalité n’est qu’une propriété secondaire qui se déduit de la nécessité.

Cette solution des problèmes de l’induction et de l’origine des principes par une intuition de l’intellect dans la sensation est assurément trop facile. Peut-être imposée à Aristote par l’état rudimentaire des méthodes d’observation et d’expérience à son époque, elle l’a, en retour, encouragé à se contenter à peu de frais en matière d’expérience, non qu’il n’ait accumulé beaucoup de faits exacts et qu’il n’en ait même discuté quelques-uns avec sagacité ; mais, à côté de faits bien observés, il accueille souvent des observations étrangement fausses[1]. Il en eût été autrement, il aurait fait plus d’efforts pour avérer scrupuleusement les faits, s’il avait pensé que chaque fait compte comme un signe de la loi et que c’est par leur ensemble, par leur liaison, par le détail exact de leurs circonstances que les faits prouvent la loi. Mais quels qu’en soient les défauts à cet égard, il ne faut pas perdre de vue l’importance de la théorie de l’induction et de l’origine des principes, en tant qu’on rapproche cette théorie de l’ensemble de la philosophie aristotélicienne. En mettant à la base de la science le singulier, elle rapproche assez près l’une de l’autre l’ontologie, qui est individualiste, et la théorie de la connaissance. Sans doute il reste du Platonisme dans celle-ci. Il en reste peut-être moins qu’on ne le pense quelquefois.


  1. Cf. Zeller, p. 245-251. On trouvera p. 248, n. 3 plusieurs exemples d’observations dont l’inexactitude est surprenante. C’est ainsi, le fait vaut ici d’être rappelé, qu’Aristote admet que certains hommes ont un fiel et que d’autres en sont dépourvus, De part. an. I, 2, 676 b, 31.