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manière de se présenter. Le syllogisme n’établit pas alors l’essence, chose impossible ; il rend l’essence manifeste en la présentant comme la cause de la conclusion, laquelle conclusion ne peut jamais être qu’une partie secondaire et subordonnée de l’essence[1]. On pourrait dire que la démonstration est la définition déployée et que la définition est la démonstration concentrée. Ce qui résulte de là, c’est que la définition des essences composées, lorsqu’elle est complètement formulée, est toujours génétique, et c’est cela même qu’exprime sous une forme logique la proposition connue que la définition se fait par le genre et la différence ; car le genre et la différence, c’est l’ensemble des conditions nécessaires et suffisantes du défini[2]. À son tour, cette nature génétique et hiérarchique de la définition fait comprendre comment la division platonicienne, qui était impuissante à prouver la définition, est la méthode propre à la découvrir (An. post. II, 5, 91 b, 28 jusqu’à la fin du chap.). Mais, malgré le caractère génétique de la définition des essences composées, malgré la parenté de la définition avec la démonstration lorsqu’il s’agit de ces essences, le dernier mot comme le premier de la théorie aristotélicienne de la définition, c’est que la définition, non seulement des essences simples, mais même des essences composées, ne se déduit pas, ne se dérive pas, qu’elle constitue, en d’autres termes, une connaissance immédiate.

C’était déjà le cas des axiomes. Nous allons voir que c’est aussi, en fin de compte, le cas des connaissances inductives.

Le rôle de l’induction dans la philosophie d’Aristote est bien connu. Tout enseignement et tout acte d’apprendre de nature discursive partent de connaissances antérieures. Pour le syllogisme notamment, il est manifeste qu’il part de certains principes. Mais selon Aristote il n’y a pas de principes innés. Il faut donc que ces connaissances universelles sur lesquelles s’appuie le syllogisme soient acquises.

  1. An. post. II, 8, 93 b, 16 : … συλλογισμὸς μὲν τοῦ τί ἐστιν οὐ γίνεται οὐδ’ ἀπόδειξις…
  2. Voy. Zeller, p. 255 et les notes.