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donne est-elle un acte imparfait, qui appelle un complément. Ce complément s’obtient, soit, lorsque le défini a une cause, en faisant entrer la cause dans la définition et, par cette cause, la réalité ; soit, lorsque le défini est quelque chose de premier, en ajoutant à la définition au sens étroit l’affirmation de l’existence de son objet, que cette existence se trouve alors affirmée purement et simplement, ou qu’on dispose, pour la rendre manifeste, de quelque procédé autre qu’un recours à une cause, puisque l’objet n’en a point. Ainsi le mathématicien, en même temps qu’il définit l’unité, pose l’existence de l’unité ; le physicien, en même temps qu’il définit le froid et le chaud, en proclame l’existence sur le témoignage de la sensation (An. post. II, 7, 92 b, 5-8 ; 9 ; I, 10, 76 b 16-19). Mais, lorsque la position de l’existence s’ajoute ainsi à celle de la signification du nom, nous nous trouvons en présence de la seconde classe des thèses, les hypothèses, dont le nom convient surtout lorsque l’existence du défini n’est pas pleinement évidente[1]. La proposition par laquelle débute l’arithméticien, énonçant ce qu’il entend par unité et qu’il y a des unités, est une ὑποθεσις[2]. Il faut compter aussi, à côté des ὑποθέσεις, les postulats (αἰτήματα) : un postulat en effet est une proposition démontrable qu’on se dispense de démontrer, ou bien, dans un sens plus précis et plus intéressant, c’est une proposition indémontrable que le maître demande au disciple de lui accorder, bien qu’il y répugne. C’est donc une proposition qui, comme l’ὑποθεσις, enveloppe attribution et existence (An. post. I, 10, 76 b, 27-34). — L’axiome s’oppose à l’αἴτημα en ce qu’il est conforme à l’opinion du disciple, et de l’ὑποθεσις en ce qu’il va jusqu’à l’imposer à l’esprit[3]. Il s’oppose aux thèses proprement

  1. Ibid., 37, 6 : οὐ γὰρ ὑποτίθεται ὁ φυσικὸς εἶναί τι θερμὸν ἢ ψυχρόν, οὐδὲ ὁ ἰατρὸς εἶναί τι ἀνθρώπειον σῶμα, ἀλλ’ ὅ γε ἀριθμητικὸς ἀριθμὸν ὑποτίθεται καὶ μονάδα· οὐ γὰρ ὁμοίως ἐκφανὴς ἡ τούτων οὐσία.
  2. An. post. I, 2, 72 a, 18 : θέσεως δ’ ἡ μὲν ὁποτερονοῦν τῶν μορίων τῆς ἀντιφάσεως λαμβάνουσα, οἷον λέγω τὸ εἶναί τι ἢ τὸ μὴ εἶναί τι, ὑπόθεσις, ἡ δ’ ἄνευ, τούτου, ὁρισμός. 10, 76 b, 35 : οἱ μὲν οὖν ὅροι οὐκ εἰσὶν ὑποθέσεις (οὐδὲν γὰρ εἶναι ἢ μὴ λέγεται), ἀλλ’ ἐν ταῖς προτάσεσιν αἱ ὑποθέσεις, τοὺς δ’ ὅρους μόνον ξυνίεσθαι δεῖ· τοῦτο δ’ οὐχ ὑπόθεσις…
  3. Ibid. 10, 76 b, 23 : οὐκ ἔστι δ’ ὑπόθεσις οὐδ’ αἴτημα, ὃ ἀνάγκη εἶναι δι’ αὑτὸ καὶ δοκεῖν ἀνάγκη.