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possibilité. Or c’est presque littéralement dans les mêmes termes que le possible (δυνατόν) est défini par la Métaphysique (Θ, 3, 1047 a, 24)[1]. Cette définition assurément n’est pas irréprochable, elle contient un cercle évident. Malgré cela, il faut reconnaître que la notion aristotélicienne du contingent est parfaitement précise : le contingent est ce qui peut également être et n’être pas. Tel est du moins le sens propre de la notion. C’est dans un autre sens que l’on dit, en parlant du réel et même du nécessaire, qu’ils sont possibles, et ἐνδέχεσθαι ne doit plus alors se traduire par « être contingent » (Pr. an., fin du texte cité).

À côté des propositions assertoriques (τοῦ ὑπάρχειν), il y a donc des propositions nécessaires (τοῦ ἐξ ἀνάγκης ὑπάρχειν) : « Il est nécessaire que… » et des propositions contingentes (τοῦ ἐνδέχεσθαι ὑπάρχειν) : « Il est possible que… » Lorsqu’on veut opposer les propositions modales, il faut faire attention à deux points. D’abord l’opposition doit porter sur le mode. À la proposition : Il est nécessaire que telle chose ait telle qualité, il ne faut pas donner comme contradictoire : « Il est nécessaire que telle chose n’ait pas telle qualité » ; la vraie contradictoire est : Il n’est pas nécessaire etc. De même pour les contingentes[2]. Mais, pour celles-ci, il y a plus à dire. Une contingente : Il est possible que tout Β soit Α, peut toujours subir une opération qu’Aristote appelle du même nom que la conversion (ἀντιστροφή), mais qu’il faut pourtant se garder de confondre avec elle : c’est la transformation de l’affirmative qui suit le mode en négative, ou réciproquement. Ainsi : Il est possible que tout Β soit Α, et : Il est possible que nul Β ne

  1. Pr. an., loc. cit. : λέγω δ’ ἐνδέχεσθαι καὶ τὸ ἐνδεχόμενον, οὗ μὴ ὄντος ἀναγκαίου, τεθέντος δ’ ὑπάρχειν, οὐδὲν ἔσται διὰ τοῦτ’ ἀδύνατον· τὸ γὰρ ἀναγκαῖον ὁμωνύμως ἐνδέχεσθαι λέγομεν. Métaph., loc. cit. : ἔστι δὲ δυνατὸν τοῦτο, ᾧ ἐὰν ὑπάρξῃ ἡ ἐνέργεια οὗ λέγεται ἔχειν τὴν δύναμιν, οὐδὲν ἔσται ἀδύνατον. λέγω δ’ οἷον, εἰ δυνατὸν καθῆσθαι καὶ ἐνδέχεται καθῆσθαι, τούτῳ ἐὰν ὑπάρξῃ τὸ καθῆσθαι, οὐδὲν ἔσται ἀδύνατον… Voir le commentaire de Bonitz (Metaph. II, p. 387) sur ce dernier texte ; il appelle l’attention sur le cercle que comporte la définition aristotélicienne du contingent.
  2. Voir Hermen. ch. 12 et Rondelet, p. 101 sq.