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première expression serait si rigoureusement synonyme de la suivante et si exactement calquée sur elle mot à mot, qu’il n’y aurait pas besoin d’explication. De plus ce sens du mot ἐν ne s’accorderait pas avec celui que nous serons forcé de lui reconnaître tout à l’heure dans les locutions comme μέσον εἶναι ἐν ὅλῳ τῷ πρώτῳ, ἔσχατον εἶναι ἐν ὅλῳ τῷ μέσῳ, μέσον ἔστίν ἐν ἄλλῳ, ἄλλο ἐστὶν ἐν μέσῳ. L’expression ἐν ὅλῳ ne signifie pas non plus, et cela commence à nous intéresser davantage, que l’attribut est dans la compréhension de son sujet, comme un caractère est dans la totalité des caractères, ou dans l’essence. Cette signification est ici inadmissible, parce qu’elle ne s’accorderait pas avec le sens du mot ἐν dans les locutions que nous venons de signaler. Il faut donc[1] que ἐν ὅλῳ εἶναι le sens de « être dans la totalité extensive de », « être dans l’extension de[2] ». Ainsi, lorsqu’Aristote, théoricien du syllogisme, dit : « Tel attribut appartient à tel sujet pris universellement », il faut traduire : « Tel sujet pris universellement est dans l’extension de tel attribut », ou encore : « le sujet est une espèce dont l’attribut est le genre ». Mais qu’est-ce à dire ? Cela signifie qu’Aristote, qui s’était placé au point de vue de la compréhension dans la théorie de la proposition, passe à celui de l’extension dans la théorie du syllogisme. — Ce changement de front est naturellement de la plus haute importance. En effet le principe du syllogisme, le dictum de omni et nullo, bien loin de ressembler à la formule acciden-

  1. Comme le dit Trendelenburg, Elem. log. Ar.⁸, p. 94 sq. (§ 24), approuvé par Bonitz, Ind. 505 b, 13.
  2. Ce sens, comme le fait remarquer Trendelenburg, ibid., concorde avec celui de ἐν dans un passage des Catégories, 5, 2 a, 15-17 (les substances secondes sont les espèces et leurs genres, ἐν οἷς εἴδεσιν αἱ πρώτως οὐσίαι λεγόμεναι ὑπάρχουσιν… οἷον ὁ τὶς ἄνθρωπος ἐν εἴδει μὲν ὑπάρχει τῷ ἀνθρώπῳ…), et, dans un passage de la Physique, IV, 3, début, où ce sens est précisé par un rapprochement avec le sens opposé : il y a plusieurs acceptions de la formule ἄλλο ἐν ἄλλῳ, la partie est dans le tout, le tout d’autre part est dans les parties, ou encore ὡς ὁ ἄνθρωπος ἐν ζῴῳ καὶ ὅλως εἶδος ἐν γένει, ou bien enfin ὡς τὸ γένος ἐν τῷ εἴδει καὶ ὅλως τὸ μέρος τοῦ εἴδους ἐν τῷ τοῦ εἴδους λόγῳ [ut ἐν, dit Trendel., modo generi speciem subesse, modo genus formae inesse indicet].