Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ter de la nature du syllogisme, et ainsi nous devrions n’avoir qu’à tirer ici les conséquences des vérités que nous avons énoncées tout à l’heure. Puisque le moyen contient toute l’essence et tout le secret du syllogisme, il devrait suffire de poursuivre l’analyse de la nature du moyen-terme, pour en faire sortir le principe qui fonde le syllogisme et qui en rend la marche possible. Et cependant c’est en somme une question nouvelle que nous abordons, et le principe du syllogisme, tel qu’Aristote l’a compris, ne se conclut pas purement et simplement de ce que nous savons déjà du rôle qu’il accorde au moyen. Cela vient de ce qu’il y a dans la théorie aristotélicienne du syllogisme, et d’une manière générale dans toute la logique d’Aristote, une constante dualité. Lorsqu’on nous dit que le moyen est l’élément commun des deux prémisses, qu’il est la raison de l’union du mineur et du majeur, nous sommes portés à croire que le moyen est pour Aristote une notion dans le contenu de laquelle le contenu de deux autres notions s’identifie. Et nous sommes confirmés dans cette manière de voir, quand nous songeons qu’Aristote emprunte de préférence ses exemples de syllogisme démonstratif aux mathématiques, quand nous nous reportons notamment à l’exemple dont il se sert pour nous faire comprendre que l’égalité de l’angle inscrit dans le demi-cercle à un droit se prouve par ce moyen-terme : un angle de deux demi-droits. Et certes la manière de voir en question n’est pas fausse : elle exprime bien ce qu’il y a de plus profond dans la pensée d’Aristote, théoricien de la démonstration. Pourtant elle ne s’accorde pas toujours avec la lettre de la théorie de la démonstration, et surtout elle est contredite par les déclarations d’Aristote, théoricien du syllogisme proprement dit. Trendelenburg a présenté, comme étant le principe du syllogisme suivant Aristote, la formule suivante : « Tout ce qui s’affirme de l’attribut devra s’affirmer aussi du sujet[1] ». Cette formule donne le principe du syllogisme au point de

  1. Catég. 5, 3 b, 4 : ὅσα γὰρ κατὰ τοῦ κατηγορουμένου λέγεται, καὶ κατὰ τοῦ ὑποκειμένου ῥηθήσεται. Cf. Trendelenburg, Elem. log. Aristotel. 8, p. 93 (§ 23).