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présenter les contradictoires ne ressemble en rien, on en conviendra, à celle que Zeller a mise au compte d’Aristote, à une définition de la contradiction par l’altérité.

Cette définition, encore une fois, était précisément l’erreur et le danger qu’il fallait éviter à tout prix. — Que cette définition soit une erreur, c’est ce qui résulte indirectement de ses conséquences absurdes, de ce que nous appelons le danger de la définition, point sur lequel nous reviendrons tout à l’heure. On voit aussi, directement, qu’être autre qu’une certaine notion et nier cette notion, ce sont choses fort différentes. D’abord il y a, à côté d’une notion, pour ainsi dire, une foule d’autres notions qui jamais ne pourront lui être attribuées et qui cependant ne la nient pas et qu’elle ne nie pas. Tel est le cas des notions coordonnées et, par exemple, des différences en nombre quelconque qui, à un certain moment de la pensée, s’ajoutent simultanément à un même genre pour constituer autant d’espèces qu’il y a de différences. Ces différences sont autres les unes que les autres ; mais, si elles s’excluent, ce n’est pas comme l’affirmation et la négation. Prenons ensuite le cas de notions hiérarchisées. Les notions les moins complexes s’opposent aux plus complexes ; mais il n’y a pas entre elles de contradiction : il y en a si peu que les moins complexes entreront dans les plus complexes comme leurs éléments. À regarder les choses de ce point de vue, on voit qu’un terme contradictoire n’apparaîtra qu’au sommet, ou plutôt au-delà du sommet de la hiérarchie. Car, après avoir épuisé la série des affirmations, il ne restera plus que la négation, au delà de l’être, le néant, qu’on ne peut poser qu’en niant l’être, puisque le néant n’a point de contenu qui lui soit propre. Ainsi l’altérité et la contradiction ne s’identifient pas. Ce qui fait qu’on les confond trop souvent c’est que, par abstraction, toute notion, si incomplète qu’elle soit, peut se poser comme complète, et, à ce titre, faire considérer tout ce qui est autre qu’elle comme un néant par rapport à elle, comme quelque chose qui n’est conçu que par négation d’elle. Mais remarquons bien que c’est seulement en tant qu’on a fermé la notion, en tant qu’on en a fait un univers et un absolu, que ce qui est