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autres, ceux qu’on ne pourrait réunir sans contradiction (ibid. 255 e, 252 d) et, à l’encontre des termes contradictoires ainsi dégagés, il fait ressortir les termes qui sont simplement autres. Il a donc été loin de confondre l’autre avec le contradictoire et de définir le second par le premier. Si, pour désigner l’opposé absolu de l’être, il emploie le mot ἐναντίον, c’est peut-être simplement que son vocabulaire est encore insuffisant et qu’il n’a pas de mot pour signifier le contradictoire en le distinguant du contraire. Quand même d’ailleurs il aurait pensé qu’un opposé absolu est un contraire, resterait toujours qu’il a mis tous ses soins à marquer une différence radicale entre ce qui s’oppose absolument à un terme donné et ce qui est seulement autre que ce terme. — Il eût été bien étrange qu’Aristote ne tînt pas compte d’indications si pénétrantes et si nettes. La vérité est qu’il les a mises à profit et qu’il a défini le contradictoire exactement dans le même esprit que son maître, sauf à employer un langage encore plus précis. D’abord, il évite toute confusion entre l’ἐναντίωσις et l’ἀντίφρασις. Entre autres preuves qui établissent cela, on en trouvera une particulièrement manifeste dans le fait que les mouvements proprement dits sont définis chez lui par la contrariété, tandis que la génération et la corruption sont définies par la contradiction. Mais nulle part Aristote n’apparaît mieux comme le continuateur magistral de la pensée de Platon sur la contradiction, que dans la manière dont il présente et dénomme cette sorte d’opposition. Certes il pouvait chercher la contradiction dans une opposition entre des termes. Pourtant il est sûr qu’il a trouvé le moyen d’être plus net, en procédant autrement. Le terme οὐκ ἄνθρωπος lui a semblé ambigu, comme à Platon le terme μὴ ὄν. C’est pourquoi il a placé le siège primitif de la contradiction dans les propositions et donné à ce genre d’opposition le nom qu’elle a conservé, sauf transcription, ἀντίφρασις. En disant que les contradictoires s’opposent comme l’affirmation et la négation, il faisait ressortir, d’une façon si forte qu’elle semblait rendre impossibles toutes les méprises, le fait que de deux contradictoires l’un est la négation absolue de l’autre. Une telle manière de