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NEUVIÈME LEÇON


L’OPPOSITION DES CONCEPTS

Il y a, pour une philosophie conceptuelle, deux méthodes suivant lesquelles les concepts peuvent s’enchaîner. La première est la méthode analytique, par laquelle on retrouve dans une notion les éléments qu’elle suppose. C’est de cette méthode qu’Aristote a été le premier théoricien rigoureux. L’autre méthode ne pouvait être découverte, ni surtout être mise en pleine lumière, avant que Kant eût défini l’analyse et la synthèse. Le principe de cette méthode, dont les successeurs de Kant se sont avisés, est l’opposition des concepts. Quelque forme particulière qu’elle revête, elle doit toujours, en effet, revenir à faire remarquer qu’un concept ne se sépare pas d’un concept opposé, et à réunir les deux opposés dans une synthèse. L’opposition des concepts constitue donc, pour une philosophie conceptuelle qui emploie la méthode synthétique, une question capitale. On comprend en outre qu’une philosophie, qui, sans en concevoir nettement l’idée, aurait eu quelque soupçon de la méthode synthétique, n’aurait pu manquer de pressentir en même temps l’importance du problème de l’opposition des concepts. Platon, avec sa méthode de division, si inadéquate d’ailleurs à la tâche qu’il lui assigne, a eu le soupçon dont nous parlons ; car la différence est un opposé du genre, l’espèce, une synthèse des deux, et, par conséquent, c’est sans surprise que nous rencontrons chez lui, sinon une théorie générale de l’opposition, du moins l’esquisse, déjà très ferme, d’une doctrine solide et circonspecte touchant cette sorte capitale d’oppo-