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l’objet est une quiddité indécomposable, c’est cependant ce concept-fonction, ce concept unité d’une multiplicité, qui occupe dans le système le plus de place et celui dont la logique et la dialectique s’occupent en fait à peu près uniquement. En effet le concept absolument simple est quelque chose de tout fait : on ne le construit ni ne le reconstruit en aucun sens. Il en est autrement du concept relativement simple. Indiquons comment il se constitue d’après Aristote.

La définition ou le concept porte sur l’espèce et résulte de la réunion du genre prochain et des différences[1]. Le genre est ce en quoi deux choses, diversifiées par des différences spécifiques, sont essentiellement identiques (Métaph. Ι, 8, 1057 b, 37), ou encore ce qui est commun à plusieurs espèces, mais de telle façon que ce soit un élément essentiel de ces espèces, quelque chose qui puisse s’attribuer à elles dans la catégorie de la substance (ἐν τῷ τί ἐστι κατηγορούμενον), quelque chose qu’on puisse donner comme réponse à la question : qu’est-ce qu’une certaine espèce, par exemple qu’est-ce que l’homme ? On répondra : c’est un animal, et en effet « animal » est bien le genre de « homme » (Top. I, 5, 102 a, 31 sqq.)[2]. Le genre tient donc une place considérable dans la définition ou le concept. Il tient une place considérable en ce qu’il est la première base du concept[3]. Mais la différence joue un rôle qui n’est pas moins considérable ; car, étant ce qu’il y a de plus propre à une chose, elle est ce qui est le plus constitutif de l’être de la chose. C’est pourquoi Aristote va quelquefois jusqu’à dire que ce qui constitue le concept d’une chose, c’est l’ensemble des différences ou, ce qui revient au même, la dernière différence. Mais il faut observer qu’il entend par là, non les différences prises abstraitement, mais bien en tant qu’elles enveloppent le genre comme leur base[4]. À la

  1. Métaph. Ζ, 12, 1037 b, 29 sq. Cf. Zeller, p. 206, n. 1.
  2. Cf. Zeller, p. 205, n. 2.
  3. Top. VI, 5, 142 b, 27 : τὸ δὲ γένος βούλεται τὸ τί ἐστι σημαίνειν, καὶ πρῶτον ὑποτίθεται τῶν ἐν τῷ ὁρισμῷ λεγομένων.
  4. Cf. Zeller, p. 207, n. 1.