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peut bien désigner si l’on veut par un nom unique, comme le mot « Iliade » désigne les vingt-quatre chants d’Homère ; mais le mot employé ne constituera pas plus un concept que le mot « Iliade » (Métaph. Ζ, 4, 1030 a, 2-17). Cependant Aristote, parmi les différents sens de l’être, compte, en le rapprochant des catégories, l’être comme copule[1]. Ainsi la liaison : « l’homme est blanc » est quelque chose qui est. Nous ne sommes donc pas surpris d’entendre Aristote déclarer qu’il y a définition ou concept de l’homme blanc (Métaph. Ζ, 4 fin.). Enfin il y a définition ou concept du groupe formé, non plus par un sujet et un attribut, mais par une manière d’être qui, au lieu d’être attribuée à un sujet, est placée dans un sujet, comme un élément dans une chose à laquelle il vient s’ajouter comme, ou presque comme, une partie intégrante. Aristote cite et accueille des définitions de cette sorte données par Archytas : le silence des vents (νηνεμία), c’est le repos de la masse de l’air ; le calme (γαλήνη), c’est l’égalité de niveau dans la mer[2].

Nous pouvons dire maintenant, d’une manière générale qu’il y a définition ou concept de tout ce qui n’est pas seulement juxtaposé, comme les vers de l’Iliade, mais de tout discours qui est un, et il y a autant de sens de l’un que de sens de l’être[3]. Nous étions partis du concept comme chose ; nous voyons depuis longtemps se développer les diverses formes du concept comme fonction. S’il faut ne pas oublier qu’il n’existe que parce qu’il imite, d’une manière prochaine ou éloignée, le concept absolument simple, dont

  1. Métaph. Ζ, 4, 1030 a, 25 sq. : certains disent que le non-être est, parce qu’il est non-être. Cf. Bonitz, Métaph. II, ad loc., p. 310.
  2. Métaph. Η, 2, 1043 a, 19-25 (à la suite du passage cité p. 120, n. 3); cf. Β, 3, 998 b, 12 sq. : ἕτερος δ’ ἔσται ὁ διὰ τῶν γενῶν ὁρισμὸς καὶ ὁ λέγων ἐξ ὧν ἔστιν ἐνυπαρχόντων. Sur ἐν ὑποκειμένῳ par opposition à καθ’ ὑποκειμένου, voir Catég. 2, 1 a, 20 sqq. ; cf. p. 98 sq.
  3. Métaph. Ζ, 4, 1030 b, 4 : ἐκεῖνο δὲ φανερὸν ὅτι ὁ πρώτως καὶ ἁπλῶς ὁρισμὸς καὶ τὸ τί ἦν εἶναι τῶν οὐσιῶν ἐστίν. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τῶν ἄλλων [ὁμοίως] ἐστί, πλὴν οὐ πρώτως· οὐ γὰρ ἀνάγκη, ἐὰν τοῦτο τιθῶμεν, τούτου ὁρισμὸν εἶναι ὃ ἂν λόγῳ τὸ αὐτὸ σημαίνῃ, ἀλλὰ τινὶ λόγῳ· τοῦτο δ’ ἐὰν ἑνὸς ᾖ, μὴ τῷ συνεχεῖ ὥσπερ ἡ Ἰλιὰς ἢ ὅσα συνδέσμω, ἀλλ’ ἐὰν ὁσαχῶς λέγεται τὸ ἕν· τὸ δ’ ἓν λέγεται ὥσπερ τὸ ὄν· τὸ δ’ ὂν τὸ μὲν τόδε τι, τὸ δὲ ποσὸν, τὸ δὲ ποιόν τι σημαίνει.