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peut se concevoir sans le genre, Aristote admet qu’il faut procéder comme si la séparation était possible. Et, en conséquence, il proclame que toute définition est un discours[1]. Mais, d’autre part, le discours qu’est la définition n’est pas discursif en réalité. Car, comme disent les Seconds analytiques (II, 3, 90 b, 33), tandis que toute démonstration, par exemple, aboutit à attribuer quelque chose à autre chose, il n’y a dans la définition aucune attribution de cette espèce, puisque les deux termes sont identiques : ἐν δὲ τῷ ὁρισμῷ οὐδὲν ἕτερον ἑτέρου κατηγορεῖται. Ainsi, par la définition, le passage s’établit entre l’intuition et la discursion, entre le concept et le jugement. La possibilité de traduire une intuition par un jugement donne à penser qu’on peut réciproquement traduire un jugement par un concept. Ceci n’équivaut pas à dire que les deux opérations ne diffèrent qu’en degré. Néanmoins cela prépare bien à comprendre que, dans certains cas, le concept pourra se rapprocher du jugement et n’être plus que l’unité fonctionnelle d’une diversité.

Aux natures simples, tant à celles qui le sont au point de n’avoir pas même de matière logique, qu’à celles qui sont simples comme étant de pures quiddités bien qu’elles enveloppent des parties logiques, s’opposent les natures composées ; aux ἀπλᾶ, les choses doubles, qui ne s’expriment qu’au moyen d’une addition de quelque détermination à un sujet. L’opposition marquée, Aristote se demande aussitôt s’il y a définition, autant dire s’il y a concept, de ces natures composées[2]. Bien que la distinction et la question ainsi posées visent littéralement les substances composées seules, l’opposition et la question peuvent être généralisées, et il s’agit de savoir si les choses composées en général, même quand ces composés sont autre chose que des substances, admettent des définitions ou donnent lieu

  1. Top. I, 5, 102 a, 2 : ὅσοι δ’ ὁπωσοῦν ὀνόματι τὴν ἀπόδοσιν ποιοῦνται, δῆλον ὡς οὐκ ἀποδιδόασιν οὗτοι τὸν τοῦ πράγματος ὁρισμόν, ἐπειδὴ πᾶς ὁρισμὸς λόγος τίς ἐστιν.
  2. Métaph. Ζ, 5 déb. : ἔχει δ’ ἀπορίαν, ἐάν τις μὴ φῇ ὁρισμὸν εἶναι τὸν ἐκ προσθέσεως λόγον, τίνος ἔσται ὁρισμὸς τῶν οὐχ ἁπλῶν ἀλλὰ συνδεδυασμένων· ἐκ προσθέσεως γὰρ ἀνάγκη δηλοῦν.