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chose qui peut lui appartenir ou ne pas lui appartenir[1]. Mais c’est à peine s’il indique que l’accident ne doit pas entrer dans la notion, tant la chose lui paraît évidente et facile à déduire de la définition même de l’accident. Tout au plus se contente-t-il d’opposer l’accident au par soi, au καθ’ αὑτό, ou, comme il le fait ailleurs, à l’οὐσία[2].

Mais ce n’est pas seulement l’accident, c’est-à-dire le prédicat non essentiel, qui n’est pas constitutif du concept ; c’est encore le prédicat qui, fondé dans l’essence, n’appartient pourtant pas à l’essence. Car Aristote distingue nettement de l’essence les prédicats dérivés, que le raisonnement sait dégager et qu’il a précisément pour fonction de dégager de l’essence[3].

De même encore le propre n’entre pas dans le concept. Le propre, au sens étroit du mot, est une détermination qui n’appartient qu’à une seule chose et appartient à cette chose dans toute son extension, de sorte qu’il se réciproque avec la chose. Malgré cette identité d’extension il n’y a pas identité de nature : le propre est au contraire traité par Aristote comme une marque extérieure et comme une détermination superficielle qui n’entre pas en ligne de

  1. 102 b, 4 : συμβεβηκὸς δέ ἐστιν ὃ μηδὲν μὲν τούτων ἐστί, μήτε ὅρος μήτε ἴδιον μήτε γένος, ὑπάρχει δὲ τῷ πράγματι, καὶ ὃ ἐνδέχεται ὑπάρχειν ὁτῳοῦν ἑνὶ καὶ τῷ αὐτῷ καὶ μὴ ὑπάρχειν, οἷον τὸ καθῆσθαι ἐνδέχεται ὑπάρχειν τινὶ τῷ αὐτῷ καὶ μὴ ὑπάρχειν, ὁμοίως δὲ καὶ τὸ λευκόν· τὸ γὰρ αὐτὸ οὐθὲν κωλύει ὁτὲ μὲν λευκὸν ὁτὲ δὲ μὴ λευκὸν εἶναι. ἕστι δὲ τῶν τοῦ συμβεβηκότος ὁρισμῶν ὁ δεύτερος βελτίων· τοῦ μὲν γὰρ πρώτου ῥηθέντος ἀναγκαῖον, εἰ μέλλει τις συνήσειν, προειδέναι τί ἐστιν ὅρος καὶ ἴδιον καὶ γένος, ὁ δὲ δεύτερος αὐτοτελής ἐστι πρὸς τὸ γνωρίζειν τί ποτ’ ἐστὶ τὸ λεγόμενον καθ’ αὑτό. — Cf. d’autres références dans Zeller, p. 204, n. 4.
  2. Par ex. Métaph. Γ, 4, 1007 a, 31 : τούτῳ γὰρ διώρισται οὐσία καὶ τὸ συμβεβηκός· τὸ γὰρ λευκὸν τῷ ἀνθρώπῳ συμβέβηκεν, ὅτι ἔστι μὲν λευκὸς, ἀλλ’ οὐχ ὅπερ λευκόν (Cf. Δ, 7 début). Ou encore Anal. post. I, 22, 84 a, 24-30. Voir Th. Waitz, Organon II, 203.
  3. Métaph. Δ, 30 s. fin., 1025 b, 30 : λέγεται δὲ καὶ ἄλλως συμβεβηκός, οἷον ὅσα ὑπάρχει ἑκάστῳ καθ’ αὑτὸ μὴ ἐν τῇ οὐσίᾳ ὄντα, οἷον τῷ τριγώνῳ τὸ δύο ὀρθὰς ἔχειν. Cf. Anal. post. I, 6, 75 a, 18 : τῶν δὲ συμβεβηκότων μὴ καθ’ αὑτά… οὐκ ἔστιν ἐπιστήμη ἀποδεικτική. 7, 75 b, 1 : τὰ καθ’ αὑτὰ συμβεβηκότα δηλοῖ ἡ ἀπόδειξις. Dans Métaph. Γ, 2, 1004 b, 5, Aristote se sert de l’expression πάθη καθ’ αὑτὰ ; cf. Bonitz, Métaphys. II, ad loc. (p. 181) et ici même infra, p. 246.