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vertu de la correspondance qui existe entre la dialectique et l’analytique, celle-ci doit nous mettre en possession des moyens de déduire des syllogismes fondés sur des prémisses nécessaires. 2o L’ensemble des traités de logique d’Aristote donne bien l’impression que ce qui commande tout le reste, c’est l’étude du procédé qui procure la science, savoir la démonstration ; et d’ailleurs le début des Premiers analytiques eux-mêmes indique que tel est bien l’objet de la recherche d’Aristote logicien[1]. 3o La Rhétorique (I, 4, 1359 b, 10) nous parle d’une ἀναλυτικὴ ἐπιστήμη, ce qui est le nom authentique de la logique selon Aristote. Or qu’est-ce que ἀναλύειν ? C’est ramener une chose à ses éléments, ou en général à ses conditions. L’ἀναλυτικὴ ἐπιστήμη, c’est donc la science qui nous apprend à remonter aux causes, c’est-à-dire à constituer la science. — En somme donc la logique d’Aristote est une méthodologie, à laquelle est intimement unie une théorie de la connaissance.

Le plan de la logique d’Aristote suit immédiatement de cette manière de la concevoir. Déjà nous avons vu, dans le début des Premiers analytiques, quelque chose qui ressemble fort à une indication de ce plan. Philopon ne fait que développer cette indication dans le passage suivant où le plan en question est présenté de la façon la plus sûre et la plus lumineuse[2] : « Nous voulons connaître la démonstration. Mais la démonstration est une sorte de syllogisme ; nous devons donc chercher, avant de nous attacher à la démonstration, ce que c’est que le syllogisme pur et simple. Le syllogisme pur et simple est, comme l’indique son nom, quelque chose de composé… Il faut donc commencer par

    καὶ τῶν τοιούτων δυνάμεων. τοῦτο δ’ ἐστὶ τὸ ἐκ τῶν ἐνδεχομένων ποιεῖν ἃ προαιρούμεθα.

  1. I, 1 déb. : πρῶτον εἰπεῖν περὶ τί καὶ τίνος ἐστὶν ἡ σκέψις, ὅτι περὶ ἀπόδειξιν καὶ ἐπιστήμης ἀποδεικτικῆς.
  2. Schol. 38 a, 15. À la vérité, le morceau que Brandis a publié dans les Scholia sous le nom de Philopon, appartient au commentaire des Catég. qu’on désigne sous le nom d’Ammonius (cf. p. 51, n. 1 et Busse, p. X); encore faut-il noter que le texte suivi par Brandis dans ce passage n’est peut-être pas le meilleur (p. 11, 1 et dans l’appar. crit. l. 3).