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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

à le citer presque entier ; i à son petit intérêt historique, et il m’a rappelé, en un passage d’une bonhomie touchante, ce fragment exquis des Mémoires de l’abbé de Marolles, la Campagne sous Henri IV[1].

Il ne se peut rien imaginer de plus entortillé et de moins clair que le mélange de théologie et de physique qui remplit le neuvième chant ; il y aurait quelque intérêt à comparer les monstres qui personnifient les vices aux monstres allégoriques que Dante et Milton ont introduits dans leurs poèmes ; mais on se perd dans des subtilités et des obscurités.

Une distinction entre la vraie sagesse et la fausse science amène cette petite digression sur les écoles d’alors :

Qu’apprennent aujourd’huy les enfants aux écoles ?
Quelque fable honteuse ou qui point ou peu sert.
Là le maistre seant, ayant le livre ouvert,
Crache, et après avoir du contour de sa veue
Des beans apprentis la presse recognue,
Commance, sonoreux, à conter quelque fait
D’une fable[2] comique ou tragique forfait,
Ou de quelque ancien l’amoureuse furie,
Ou d’un horrible cas l’étrange barbarie.
Ô teste d’hellebore ! est-ce là la liqueur
Dont des jeunes enfans tu imbibes le cœur ?
Est-ce l’échantillon de leur apprentissage ?
Est-ce le sel qu’il faut à ce petulant âge ?
Ô corrupteurs d’enfans, et non pas instructeurs !

  1. Mémoires de l’abbé de Marolles (tome I, pages 20 et suivantes de l’édition d’Amsterdam, 1755).
  2. Rivière n’a pas écrit fable ; il a blasonné gauloisement les héroïnes de Plaute et de Térence.