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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

nouvelle, et il n’attendit pas au lendemain pour peindre sa douleur ; il ajouta tout de suite, dans son trouble, quelques alexandrins à ceux qu’il modelait sur les hexamètres de Palingene ; plus tard, il glissa une allusion flatteuse à la régence de Marie de Médicis.

Le poète, au début du livre VI, revient au thème de sa préface, l’apologie de la poésie sérieuse ; il faut laisser les sornettes,

Les contes de Peau d’asne[1] aux enfants et aux vieilles.

Il faut prendre garde aussi que l’idée se noie sous les ornements du langage, — words, des mots, eût dit Hamlet, qui pressentait les Parnassiens :

 … Il n’y a point de fond,
Point ou peu de sagesse en ces belles paroles,
Qui sont, après le son, sans mouelle et frivoles.
Tous ces mots émaillez n’ont que l’extérieur,
Que la cappe et l’épée, et rien d’intérieur,
Belles fleurs, mais sans fruict, qu’en revient-il à l’âme,
Après avoir bien leu, quel bien ?

Joignant l’exemple au précepte, le poète donne dans le genre sérieux, il se fait aborder par la Mort, qui lui trace un effrayant tableau de son pouvoir :

Je me disne d’un Roy, et souppe d’un Pontife…
L’Arabe, le Gaulois, le Barbe, et Moschovite
Et quiconque de Fez jusqu’au grand Kaire habite,

  1. « Le conte de Peau d’Asne, » — dit Perrault, dans la préface de l’édition de 1695, — est conté tous les jours à des enfants par leurs gouvernantes et par leurs grand’mères. »