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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

les charmes, mais surtout les malheurs, les fourberies, les inconséquences de l’amour :

Quelquefois la maistresse aymera son valet,
Et pour époux la belle aura quelque gros laid,
Quelque vieillard hergneux ou à la grosse lippe…

La supériorité des voluptés de l’esprit sur celles du corps forme le sujet d’une interminable dissertation, pleine d’excellents conseils sur la vraie et la fausse amitié, la manière de se bien conduire dans le monde. Après ce copieux échantillon de poésie morale (Rivière l’a presque littéralement traduit de Palingene), le jouvencel prend congé de son interlocuteur, il lui annonce qu’il va regagner son beffroy céleste, d’où il contemple les peuples, races de pygmées,

Les Gaulois belliqueux, l’Italienne terre
Anglois et Espagnols, bons piétons à la guerre,


d’où nos montagnes, nos fleuves (Padus, Tanais, avait dit Palingene ; la Seine, la Loire, reprend Rivière) lui semblent si petits :

La Seine, Loire, l’Istre et le Gange font montre
De champêtres fossez d’eau de pluye remplis,
Et regardant du Nil les sept larges replis,
Sept tuyaux fonteniers seulement voir me semble ;


au moment où le poète s’apprête à lui répondre, il s’envole aussi vite

Que va le sur-oûest de Rennes à Paris.

Ce dernier vers, est-il besoin de le dire ? est tout de l’invention de Rivière ; l’orthographe même de ce


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