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ALEXANDRE DE RIVIÈRE


et l’amplification habituelle des églogues, relevée par quelques traits curieux, par quelques mots qui sentent leur terroir :

Cent pourceaux pasturans par nos vertes chesnayes…
Du miel et du nouveau, tousiours pleine chazière[1]

Frais inutiles pour séduire un berger qui ne s’émeut pas plus qu’un Rodomont, dont le cœur est plus dur qu’un rocher Alpinois. Le pastoureau, se piquant d’honneur, réplique sur le même mode, et trouve, pour louer la blancheur de sa mie, des termes de comparaison qu’a oubliés Théophile Gautier dans sa Symphonie en blanc majeur :

Plus blanche que chaux vierge ou que fleur de farine,
Plus qu’escume de mer quand elle est en courroux,
Que les lys argentez, et plus que le laict doux…

Mais, pendant que berger et bergère font assaut de beau langage, des loups descendent de la montagne et pénètrent dans la bergerie. Affranchi de son rôle d’arbitre, le poète s’échappe, il arrive au bord d’une fontaine ; c’est là qu’il est rejoint par Timalphe, fils de la déesse Arété, qui lui explique longuement

    du quintin pour une toile fort fine et fort claire, dont on fait des collets et des manchettes. — Pour le moule, la tresse, la chausse d’estame (laine tricotée), le patin, consulter l’Histoire de la Mode en France, par M. A. Challamel, passim.

  1. &zwnj ; Chesnaye, chazière, sont des termes souvent employés dans la campagne bretonne ; ailleurs, Rivière s’est servi d’un joli mot, très usité dans le pays nantais, pour exprimer une folie douce, le verbe folayer, (livre V du Zodiaque).

    Par elle (la Grèce), à folayer, ont les Latins appris.