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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

trente vers, émaillé d’une infinité de fleurs non moins minutieusement décrites, retentissant du chant des oiseaux (sur les charmes duquel Rivière s’est plus complaisamment étendu que son modèle) :

Mille sortes d’oiseaux d’un chant mélodieux
Emplissoient la forest par accords de musique ;
Là, Progné se douloit de l’amour tyrannique
De son cruel époux, et sa sœur en maint lieu
Lamentoit son désastre et d’Itys son nepveu ;
Le perroquet perché formoit nôtre langage,
La gentille linotte entonnoir son ramage,
Le pinson, le tarin[1], l’émaillé chardonnet
Et le canarien chatoient un beau motet.

Le vieillard et son compagnon voient venir à eux, en ce séjour enchanté, un cortège voluptueux que conduisent Vénus et Cupidon ; une sage conseillère, la nymphe Arété, survient alors qui les dissuade de rechercher une telle société ; elle leur cite l’exemple d’Hercule qui filait aux pieds d’Omphale, qui,

Au lieu d’une rondache[2] et cresté morion,
A porté la quenouille et le mol scofion ;


l’exemple de Circé qui embestoit les compagnons d’Ulysse, et elle ajoute : fuyez la volupté,

  1. Du Bartas écrit chardonnet ou chardonneret ; Rivière (livre IX du Zodiaque) a comparé l’âme, tourmentée par les passions, à un chardonnet dans sa cage d’osier, pris entre deux chats qui lui donnent échec et mat.
  2. &zwnj ; La rondache était un grand bouclier. — Scofion, ou mieux escoffion, du grec coufia, coiffe (V. les Épithètes de de la Porte).

    D’abord leurs escoffions ont volé par la place.

    (Molière, l’Estourdy, acte V, sc. 14.)