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FRANÇOIS AUFFRAY


Comme les lys, les violettes,
Soudain flestries du soleil,
Comme les pensées fluettes,
Les roses et l’œillet vermeil,
Qui ne durent qu’une journée ;
Comme l’herbe aussitost fanée
Que tombée d’un coup de faux ;
Ainsi va la gloire du monde,
Qui s’enfuit soudain comme l’onde,
Et se flestrit soubs les travaux.

Fiez-vous plustot aux nuages,
Autant inconstans que légers ;
Fiez-vous plustot aux orages,
Aux vents, aux fleuves passagers ;
Ains fiez-vous aux arondelles,
Plustot qu’aux pompes infidelles,
Ny qu’aux fresles charnalitez ;
Avalez les eaux de Berose,
Plustot, pour mortifere dose,
Que l’amer amour des beautez.

Fiez-vous aux dents ravissantes
Des lyons les plus affamez,
Ains aux harpies frémissantes,
Et aux serpens envenimez ;
Fiez-vous plustot aux lamyes,
Qu’à ces promesses ennemyes
Que le siècle, en vous decevant,
Vous fait en tout tems, à toute heure ;
Car l’esperance vous demeure,
Et ne vous repaist que de vent.

Insensé qui fourbis des armes,
Et te fais un habit de fer,
Te précipitant aux allarmes
Pour combattre et pour triumpher,