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FRANÇOIS AUFFRAY

l’autre, un beau cantique : Qu’il ne faut se fier au siècle, les élégies et les quatrains que j’ai mentionnés, composent à peu près tout l’apport personnel d’Auffray au recueil des Hymnes ; mais c’en est assez pour rehausser le poète, au double point de vue de la pensée et de l’expression. Voici, presque en entier, le cantique, écrit en dizains ; il ne pâlit pas trop à côté de deux chefs-d’œuvre du même rythme, le cantique de Racine, Sur les vaines occupations des gens du siècle, et l’ode de J.-B. Rousseau, Que rien ne peut troubler la tranquillité de ceux qui s’assurent en Dieu.

Mortels ! vous fiez-vous au monde ?
Estimez-vous ses vanitez,
Ses pompes, sa pourpre féconde,
Et ses triumphes méditez ?
Toutes ces grandes renommées
Assurément vont en fumées,
Et se dissipent dedans l’air ;
Et toutes ces vaines puissances,
Qu’idolâtrent vos espérances,
Sont sornettes, à bien parler.

Comme les despouilles légères
Des bois volez des Aquillons,
Feignent des guerres mensongères
Dans le milieu des tourbillons ;
Ainsi d’une course fuyarde
Un plaisir se perd, se hazarde,
Et s’enfuit comme un songe aillé ;
Ainsi le prix de nostre attente
En s’envolant nous mescontente,
Et n’est rien, s’en étant allé.