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FRANÇOIS AUFFRAY

volume ; quelques traits de l’Oraison de Jérémie se détachent sur ce fond incolore :

Comme les bœufs au joug, nos cols dans les cadaines,
 Dispos ou indispos,
Bon gré ou malgré nous, en tressuant de peines,
Il falloit labourer les infertiles plaines,
Et nos travaux estoient sans trêve ni repos.

Deplorables captifs, la faim a peu contraindre
Les bourgeois de Sion
De se vendre en Égypte, et de s’en aller pleindre
Aux vains Assyriens, afin de les astreindre
À nous donner l’aumosne, avec compassion.

Comme pauvres forçats esclaves des gallères,
Du soir au lendemain,
Estans bien harassez soubs le faix des misères,
On donnoit à chascun pour ses amples salaires,
Quelquefois, non tousiours, un noir morceau de pain !

M. Ropartz a cité quelques vers des hymnes des propres de saint Brieuc et de saint Guillaume, deux saints vénérés en Bretagne ; mais il n’y a rien dans ces pièces qui s’élève au-dessus du médiocre. Le lecteur qui feuillette patiemment les Hymnes et Cantiques, est enfin dédommagé de sa peine, quand il arrive aux pièces de l’invention d’Auffray ; c’est ainsi que l’auteur a désigné les poésies qu’il a composées sans le secours d’aucun modèle et, qui, par un singulier privilége, l’emportent de beaucoup sur ses traductions.

Un dialogue ingénieux, mais d’une subtilité fatigante : Du corps et de l’âme au départ l’un de