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FRANÇOIS AUFFRAY

 Comme il est fagotté !…
Palle, have, deffait, squelette, ombre des morts !
Il brouille, fouille, effraye, erre, tourne et tracasse,
Comme un vray loup-garou, tousiours de place en place,
Jour et nuit lutinant, remuant, feuilletant
Griefs dessus griefs, contredits ; confrontant,
Il intime, il adjourne, il tesmoigne, il appelle,
Il chicane tousiours procédure nouvelle ;
Et, pour rendre un procez de civil criminel,
Il le peut, et le fait, s’il le veut, éternel.

Mais ces deux passages, et quelques autres — huit ou dix, tout bien compté — sont de trop rares lueurs qui illuminent cette fresque grise et confuse, la Zoanthropie ; presque partout ce n’est que du mauvais Ronsard ou du pire Du Bartas ; seul, l’examen de la pauvreté de notre théâtre, à l’époque où fut jouée la pièce d’Auffray, peut concilier quelque indulgence à l’auteur et rendre moins ridicules les éloges hyperboliques de ses amis bretons, les Guillaume Lucas, les de Lanjamet et les de la Ville-Geosse.

Les Hymnes et Cantiques, publiés en 1625 à Saint-Brieuc, ont une bien autre valeur que la Zoanthropie ; ce recueil, qui parut à l’instigation d’un prélat ami des lettres et des arts, Mgr Le Porc de la Porte, comprend des hymnes traduites du Bréviaire romain, d’autres hymnes plus modernes, quelques cantiques de rythmes variés, deux élégies sur les tourments de l’enfer, des sentences morales en quatrains imitées de saint Grégoire de Nazianze ou appartenant en propre à notre poète. Les Hymnes traduites du Bréviaire sont la partie la plus faible du