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FRANÇOIS AUFFRAY

plus récemment M. S. Ropartz (Études sur quelques ouvrages rares écrits par des Bretons au XVIIe siècle) n’ont mentionné la Zoanthropie que pour l’accabler de leurs dédains ; quant aux Hymnes et Cantiques, ils ont été plongés dans une obscurité profonde jusqu’au jour où M. Ropartz les en a tirés pour les exécuter sommairement. Auffray a été systématiquement écarté de ce tribunal d’aristarques qui a redressé et réhabilité les renommées poétiques de ses plus humbles contemporains.

Peu de lectures sont, il faut bien l’avouer, aussi ardues que celle de la Zoanthropie ; un sujet, le moins scénique de tous les sujets, paraphrasant jusqu’à la satiété la maxime célèbre, Connais-toi toi-même, de pures abstractions, affublées de noms grecs, mises à la place des personnages, aucune action, des tirades interminables, un style barbare, hérissé de mots pompeux ou vulgaires, pouvaient bien faire perdre patience aux lecteurs de la pièce et provoquer leurs sévérités. Ce n’est que dans les détails qu’Auffray retrouve quelques avantages ; il est quelquefois gracieux, comme dans ce portrait d’une jeune fille :

 … Divine Vénus,
Oriant de ma joye, aurore sadinette,
Les lys vont blanchissant sur sa joue tendrette,
Et le corail se rit sur ses lèvres d’où sort
Si douce suavité, qu’elle est douce à la mort.

Il ne manque ni d’esprit ni de verve en esquissant cette silhouette d’un Chicaneau de son temps :