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BAUDEVILLE

monstre, « de la guivre, » qui, on le devine, symbolise le paganisme encore debout en Bretagne. Il s’y prend d’une façon bien simple, et qui supposait un grand fond de crédulité chez les auditeurs : il passe son étole au coup du serpent, et lui commande, avec des termes d’exorcisme, de se précipiter dans les eaux de la Seiche. Après cet exploit qui lui concilie la faveur populaire, Armel retourne à Penohen ; Guibourg, châtelain des environs, plein d’admiration pour le saint, veut que sa terre soit désormais, et pour toujours, appelée Plo-Armel. Cependant la nuit est venue, un ange vient annoncer à Armel que sa mort est proche ; le vertueux personnage expire entre les bras de Guibourg et de ses disciples, demandant qu’on l’enterre

Où les deux bœufs, traînant son corps, voudront rester.

J’ai cherché en vain, dans cette dernière scène, les deux vers, presque grotesques, cités par M. de Kerdanet[1] ; il est à croire qu’ils figuraient dans une copie fautive, et que M. Ropartz les aura supprimés.

Il y a, certes, de l’intérêt et de la variété dans le drame de Baudeville ; mais le style est presque partout lâche, diffus, sans relief ; j’ai cité, au cours de l’analyse, quelques vers d’une heureuse venue ; voici

  1. Saint Armel, dans les terreurs de l’agonie, donnant de la soupe aux pauvres :

    Ah ! donc, mes chers amis, vous voulez du potage ?
    Si n’en avez assez, en aurez davantage.