Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
BAUDEVILLE
deuxième gueux.

Par le ventre saint-gris ! non, tu ne l’auras pas.

premier gueux.

Je te ferai sentir la force de mon bras.

deuxième gueux.

Zeste !

premier gueux.

Zeste ! Tu veux savoir combien ma poigne pèse.

troisième gueux.

Assommez-vous, marauds ! bon jeu, dont je suis aise.

On devine le dénouement : le troisième larron emporte l’argent pendant que les deux autres se battent. — Cependant Armel, semblable à saint Fiacre qui quitta « la seigneurie d’Ybernie » pour se faire ermite en Beauce, se résout à abandonner parents et amis pour aller porter l’Évangile dans la Bretagne encore idolâtre. Il s’embarque avec deux fidèles disciples qui ont grand peur du mal de mer ; pendant la traversée, les matelots Tranchemarée et Tournevent entonnent une chanson de bord, assez semblable à celle que Shakspeare intercala dans la Tempête, pour plaire à la populace de Londres.

Approchez-vous, mesdames,
Ne craignez pas les eaux,
Pour éteindre vos flammes
Entrez dans vos vaisseaux.