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SUR LES ROIS DE FRANCE

Et, passant loin du monde un tranquille veuvage,
Sçait défendre à son cœur de secondes amours.

Sur son corps délicat un poil rude et sauvage
Luy tient lieu d’ornement et de riches atours ;
Ses longs jeûnes, au lieu de plomber son visage,
Semblent, pour l’embellir, lui prêter du secours.

Pendant qu’en sa maison, avec son domestique,
À servir le Seigneur entière elle s’applique,
Ses appas négligez ont plus de majesté.

Calliste, qui toujours voudriez estre belle,
Ayez pour les plaisirs une haine mortelle,
Puisque la pénitence augmente la beauté.

Si je cite encore le sonnet, dont j’ai déjà fait mention, à M. de Louvat, c’est uniquement parce que son titre atteste les relations bretonnes de l’auteur, et le pose dans un milieu nantais ; ce sonnet est une amplification quelconque, et, au point de vue littéraire, le plus léger rondeau, un nouveau Vitellius eût bien mieux fait notre affaire :

Il n’est plus, ce cher fils ; la Parque impitoyable,
Cueillant dans son matin la plus belle des fleurs,
Nous la laisse arroser d’un déluge de pleurs,
Et se fait de nos cris un spectacle agréable.

Déjà, plein du désir de vous être semblable,
D’un cœur noble il montroit les naissantes ardeurs,
Et les grâces, en luy, prodiguant leurs faveurs,
À l’envy s’efforçoient de nous le rendre aimable.